Héritiers d’une histoire légendaire depuis 1928, les reflex Konica Minolta nous ont quitté pour renaître sous la griffe Sony.
Alors qu’une marque prestigieuse disparaît, d’exceptionnelles perspectives s’ouvrent paradoxalement à la monture Alpha ; Sony produisant maintenant les capteurs et les boîtiers qui vont autour… Mais avant de parler du Sony Alpha, un petit retour historique s’impose, qui nous permettra de mieux appréhender la « philosophie » de la famille de reflex dont l’aboutissement actuel est l’Alpha 100.
- Agé de 28 ans, Kazuo Tashima s’intéresse pour la première fois à l’industrie optique en 1928, alors qu’il visite une fabrique de verre lors d’un voyage à Paris. De retour à Osaka, il ouvre la Japan-Germany Camera Co (il est associé à un ingénieur allemand). En 1931 l’entreprise est rebaptisée Minolta (Mechanism Instruments Optics Lenses Tashima), nom qui évoque également un proverbe Japonais.
- En 1937 Minolta commence à produire ses propres optiques alors qu’elle se fournissait jusqu’alors auprès d’autres constructeurs notamment Asahi (firme qui produira les Pentax et qui est aussi fournisseur de Konica).
- Conçues pour l’armée selon des modèles Zeiss en 1940, les premières optiques Minolta sont nommées Rokkor, en hommage au Mont Rokko visible de l’usine. C’est en 1947 qu’est produit le modèle Minolta 35 (copie du Leica).
- L’histoire de Minolta au cours des années 50, 60 et 70 ressemble beaucoup à celle de Pentax, Canon, ou Nikon… Nous la conterons peut-être un jour, tant elle est assez passionnante.
- En février 1985 : tournant historique dans l’histoire de la photographie avec un grand H ! Minolta présente les A-7000, puis A-9000 (alias Dynax, Alpha ou Maxxum, suivant les pays) qui sont les premiers vrais reflex autofocus et permettront à Minolta de devancer Canon pour un temps.
- Malheureusement, la monture A est incompatible avec les Rokkor MC et MD plus anciens. Cela poussera nombre de Minoltistes à abandonner la marque, au profit de Canon et de Nikon lorsque leurs autofocus respectifs deviendront compétitifs. Des adaptateurs permettent aujourd’hui de recycler les optiques MC et MD (lire notre article ici).
- Les années 90 sont difficiles pour Minolta, la crise économique s’éternise au Japon, le marché de la photo s’effrite doucement au profit de la vidéo, les jetables Fuji font un tabac et Minolta doit s’acquitter de 126 million de $ en 1991 pour violation de brevets Honeywell sur l’autofocus.
- En 1995 Minolta est pourtant le premier à vendre un vrai reflex digital, le RD-175 de 1,75 MP compatible avec les optiques en monture A.
- En 1996 la gamme Vectis est lancée dans l’aventure de l’APS qui n’aura pas le succès escompté et coûtera cher à la marque… Pourtant Minolta ne cesse d’innover : contrôle sans fil des flashs à distance, mesure multi zone couplée aux collimateurs AF, stabilisation intégrée à l’appareil. Et même un étonnant reflex APS numérique en 1999, le Minolta RD3000 dont le concept ne manquait pas d’intérêt…
- En 2003, Minolta fusionne avec Konica (firme crée en 1873 à Tokyo)… En 2005, annonce d’une collaboration avec Sony en vue du développement de reflex numériques. En Janvier 2006, la bombe : Konica-Minolta se retire de la photo qui ne représente plus que 11% de ses activités, annonçant 3700 suppressions de poste.
- Le département reflex est cédé à Sony (spécialiste de l’électronique fondé en 1946 à Tokyo), devenu l’un des premiers fabricants d’appareils photo et l’un des principaux fabricants de capteurs. Sony annonce vouloir reprendre 10% du marché des reflex, affaire à suivre… Pour l’anecdote, Seagull Camera (établi en 1949 à Shanghai) ainsi que d’autres fabricants chinois produisent toujours des copies sous licence de reflex argentique Minolta en monture Alpha, qui répondent aux doux noms de Pearl River, Mingca, Panda ou Phœnix.
- Révolution en juin 2006 ! Le Sony Alpha 100 est présenté plusieurs mois avant l’annonce des Canon EOS 400D et Nikon D80, ce qui marque le début de la contre offensive des challengers à 10 megapixels.