Apres un fort intéressant Olympus OM-D E-M5, voici l’OM-D E-M1 nouvel APN « orienté pro » d’Olympus. Je me disais justement qu’il est heureux (mais un peu paradoxale aussi) de voir cette marque reconnue, revenir vers les « professionnels » en 2013… a une époque comme vous le savez, ou gagner sa vie en tant que photographe professionnel, est devenu impossible (ou quasi impossible)… Il n’empêche, le terme « Pro » fait toujours rêver !
Mais je suppose que derrière le terme « PRO », Olympus vise plutôt les amateurs passionnés, les photographes « experts » comme on dit. Le tarif de 1499 euros boitier nu, est d’ailleurs calé pile sur celui des « experts » concurrents… Et le prix en kit avec le nouveau 12-40 mm f/2,8 sera de 2299 euros. Ce n’est heureusement pas « trop pro », mais raisonnable vu la somme de technologies embarquées.
Un boitier « Pro », relativement accessible…
On sait bien que le tarif des boitiers de reportage « lourds » conçus (vraiment) pour un (vrai) usage professionnels intensif, est plutôt de l’ordre de 3 a 4 fois cette somme (chez Canon et Nikon, les seuls a continuer a les proposer)…
A chaque fois qu’arrivent de nouveaux boitiers (je ne parle d’ailleurs plus que de ceux qui valent vraiment le détour tant les annonces sont nombreuses), je me fais aussi la réflexion suivante : sauf en cas de changements spectaculaires (genre passage de 12 a 36 Mpix par exemple), il n’est peut-être plus vraiment besoin de décortiquer – systématiquement – toutes les fiches techniques, en détail !
Car ces fameuses fiches s’allongent et se ressemblent de plus en plus. Elles sont de plus en plus encombrées de gadgets marketings, plus ou moins utiles aux photographes (modes HDR, modes vidéos, écrans tactiles, WIFI, GPS, NFC, etc…) Autant d’arbres, qui « cachent un peu la forêt photographique » !
L’essentiel, ce sont les gammes optiques
Aussi, je vais plutôt me concentrer sur l’essentiel a l’avenir… Notamment sur les gammes optiques disponibles pour tel ou tel boitier. Car la seule question qui compte vraiment est : dispose-t-on pour ce boitier d’un bon zoom grand angle ? De l’équivalent d’un 14 mm orthoscopique ? Ou de l’équivalent d’un 70-200 mm f/2.8 ? Voila les questions les plus importantes…
Et voila pourquoi, je vais commencer par vous parler des optiques prévues pour ce nouveau boitier Olympus ! Parcequ’elles sont bien plus importantes que le boitier lui même… Les systèmes photo professionnels (ou experts) efficaces, passent d’abord par des gammes optiques complètes et ambitieuses…
Du nouveau du coté des optiques micro 4/3
Et justement Olympus présente aujourd’hui le M.Zuiko Digital ED 12-40mm 1:2.8 PRO… C’est l’équivalent d’un 24-80 mm f/2.8, un zoom professionnel standard, indispensable pour répondre aux attentes des photographes susceptibles d’êtres tentés par le nouvel Olympus E-M1 (le vrai remplaçant du défunt reflex 4/3 professionnel E-5)…
Attention, rappelons que le flou d’arrière plan que produira cette ouverture f/2.8 avec le capteur 4/3 de cet Olympus, n’est pas aussi prononcé qu’il peut l’être sur un capteur full frame (il ne s’agit donc pas tout a fait du même f/2.8).
A noter sur l’objectif, la présence d’un bouton Fonction, programmable depuis l’appareil. On ignore pour le moment son tarif vendu seul (mais on connait son prix dans le kit, 800 euros ce qui est raisonnable). Olympus devra rester mesuré a ce sujet, s’il veut se faire une petite place entre Canon, Nikon… et Sony (qui brille pour l’instant par le prix déraisonnable de ses optiques dites professionnelles).
Sa plage focale est moins large que le précédent 12-50 mm présenté pour l’OM-D EM-5, mais on peut raisonnablement espérer une optique convaincante, eu égard a nos expériences passées avec des zoom haut de gamme Olympus, qui furent positives. Je me souviens notamment avoir adoré ce fameux 7-14 mm (équivalent d’un 14-28 mm), testé a l’époque sur le génial mini reflex E-410…
Si Olympus veut convaincre, la marque devra donner a son nouveau reflex, l’équivalent de ce 7-14 mm (14-28 mm), qui était disponible a une époque ou Nikon ne proposait pas encore son excellant (mais encombrant) 14-24 mm f/2.8…
Olympus a aussi annoncé pour la seconde moitié de 2014, un futur M.ZUIKO Digital ED 40-150mm F2.8 PRO (équivalent d’un 80–300 mm en full frame), dont la plage focale fait déjà rêver les amoureux de 70-200 mm (dont vous êtes peut-être si vous lisez ce blog).
Ainsi Olympus rivaliserait avec la trilogie professionnelle habituelle… Composés (chez Canon par exemple) par les 16-35 mm f/2.8 + 24-70 mm f/2.8 et 70-200 mm f/2.8 (seul ce dernier étant stabilisé)… Remarquons en passant, qu’on attend toujours cet hypothétique Canon 14-24 mm f/2.8, concurrent du Nikon.
Un AF « double » qui n’oublie pas les anciennes optiques 4/3
Ajoutons pour être complet au niveau des optiques, que ce nouveau modèle profite d’une double technologie AF. Premièrement a détection de contraste (81 collimateurs), principalement utilisé pour les objectifs micro 4/3 conçus pour les hybrides, ainsi qu’en video (technologie classique sur les hybrides et compacts).
Et secondement a détection de phase sur le capteur (avec 37 collimateurs), utilisée principalement avec les anciens objectifs reflex 4/3 (mais aussi pour améliorer le suivi AF dans certains modes, avec les nouveaux objectifs micro 4/3).
Les « anciens objectifs 4/3 » resteront utilisables grâce a une bague d’adaptation vendue 200 euros, (mais ne profiteront d’aucun AF en vidéo). Leur utilisation avec AF a détection de phase (on sensor) est possible avec le nouvel E-M1, mais sans surprise leurs performances du point de vue de l’AF, seraient sensiblement inférieures a ce qu’elles étaient sur les vrais reflex Olympus de série E équipés de système AF a détection de phase a part entier (hors capteur). Et inférieures également, a celles des objectifs micro 4/3, directement conçus pour l’AF a détection de contraste, qu’il faudra évidement privilégier…
Nouvel Olympus OM-D E-M1 aux ambitions professionnelles
Passons maintenant a la surprise du chef ; un OM-D E-M1 aux ambitions professionnelles, qui remplace dans la gamme le fort vieillissant E-5. Remarque en passant, mais pourquoi n’ont-ils pas conservé une nomenclature toute simple, comme elle l’était a l’époque des reflex ?
Nous étions très enthousiastes en découvrant les spécifications de l’OM-D EM-5 (mais un peu refroidi a l’usage par le viseur pas terrible et cet écran que j’ai trouvé décevant, affiché par exemple a cote d’un simple Canon S100)… Ce coup-ci, je suis encore enthousiasmé, sur le papier, par ce nouveau modèle. Mais ne nous emballons pas, nous publierons nos conclusions après un essai « en vrai ».
Poignée largement dimensionnées, molettes et boutons d’accès directs, viseur dans l’axe de l’optique, tout y est pour presque pour se rapprocher de l’utilisation du reflex… Ce qui me conforte un peu dans la vieille idée, que l’on a jamais inventé rien de plus efficace qu’un reflex, pour réussir a coup sur ses photos.
Un viseur électronique, attendu au tournant…
Au dela de la somme de gadgets plus ou moins utiles et de fonctions annexes (panoramiques, styles d’images, WIFI, écrans tactiles) qui sont devenus la marque de fabrique des APN hybrides, ce que l’on attend impatiemment de tester, c’est bien entendu le principal organe de visée d’un APN destiné aux experts : son viseur (électronique ici).
Celui de l’OM-D E-M1 était encore un peu « limite » a mon gout (je l’ai testé en vrai, si, si…). Ici on progresse de seulement 1.440.000 points… a 2.360.000 points (ce qui n’est pas une progression si énorme finalement). Par contre on profite d’un grossissement de x 1,48 (soit 1,75 ramené a un reflex full frame), ce qui devrait être apprécié… C’est l’équivalent du grossissement du viseur d’un EOS 1DX.
Toutefois le grossissement d’un viseur (électronique ou pas), me semble beaucoup moins important que son contraste, sa luminosité et le respect des zones les plus claires de la scène visée. A noter que son taux de rafraîchissement est assez élevé : 29 ms.
Les progrès de ce VF-4 seront-il suffisant pour convaincre les habitués de la visée reflex, de remplacer leurs Canon EOS ou leurs Nikon D ? Seul un coup d’oeil dans le viseur de ce OM-D-E-M1 nous le dira (ce qui pourrait être pour bientôt).
Mais il faut rester conscient que cet E-M1 n’est que légèrement plus compact et léger qu’un vrai reflex expert (EOS 70D par exemple) et pas moins couteux (1500 euros)… Au dela de ces deux qualités principales, il devra être aussi très convainquant par ailleurs.
Du coté des atouts (a confirmer après essais), citons :
- Son capteur de 16 Mpix sans filtre passe-bas.
- Le double AF a détection de phase (sur le capteur) et de contraste.
- Les deux molettes de contrôle offrant des options de pilotage avancées (dual mode), très intéressantes pour qui prend la peine d’apprendre a les utiliser.
- Les nombreuses commandes personnalisables et boutons d’accès directs.
- La stabilisation 5 axes.
- L’écran 3 pouces orientable (seulement verticalement) de 1,04 MP… Qui est tactile (même si je n’ai toujours pas compris l’intérêt du tactile sur un reflex… Mais bon, on doit pouvoir heureusement le désactiver, comme celui de mon Canon S110).
- Sa forme de reflex typique, sa poignée et sa prise en main (avec commandes doublées et déportées sur le grip vertical HLD-7).
- Ouf ! Le E-M1 profite de mêmes batteries BLN-1 que les E-M5 et E-P5.
- La tropicalisation et résistance au froid (-10 degrés).
- Le fameux caisson étanche adapté (systématiquement proposé par Olympus).
Du coté des regrets :
- Pas de flash de dépannage intégrée, ce qui fait un peu tache face aux reflex concurrents dans la même gamme de prix (et en dessous)… Un mini flash amovible FL-LM2 est toutefois fourni.
- L’absence d’écran de contrôle supérieur monochrome (celui dont les anciens photographes argentiques refusent de se passer car il est si pratique, économe en énergie et permet de se passer totalement de l’écran arrière)…
- Ergonomie probablement un peu complexe a s’approprier et personnaliser…
- Autonomie de seulement 350 vues (norme CIPA), ce qui est bien peu face aux vrais reflex.
- Toujours ce ratio 4/3 auquel on s’habitue… ou pas ! Agréable seulement en cadrage vertical, mais trop étroit en cadrage horizontal. Personnellement je ne m’y fais pas ( ! ) et applique dans Lightroom un recadrage systématique en 3/2, a toutes les images que je fais au compact.
L’ ouverture 2.8 est sympa… juste ne pas oublier que la profondeur de champ d’ un 2.8 en micro 4/3 équivaut un peu près à celle d’ un 5.6 en full frame..
Et au passage quand on voit le format de nos écrans actuels, le 4/3 c’ est complètement archaïque.
Sinon je trouve qu’ il a une bonne bouille ce boitier ;-)
Bonne journée à tous!
» Et au passage quand on voit le format de nos écrans actuels, le 4/3 c’ est complètement archaïque. »
Oui, c’est vrai que c’est archaïque, le seul avantage c’est que c’est très agréable en cadrage vertical… Donc ceux qui visent « la couv », plutot que la « double d’ouverture », apprécieront !
J’ai aimé le ton de cet article, le fait d’arrêter un peu les fiches techniques et de se concentrer sur l’intérêt photographique, la couverture des besoins, l’usage, le rendu, bref : ce qui compte vraiment pour qui n’est pas un pixel-peeper.
Le seul point qui me freine ici, c’est le design du site : je trouve que lire en colonne étroite est peu confortable. Mais qui sait, peut-être qu’une refonte viendra :)
Merci en tout cas pour ce test intéressant. Je ne suis pas très familier des Olympus et je trouve également regrettable le choix du format de capteur, mais le reste semble assez à la hauteur pour un prix raisonnable. Le design général me rappelle, d’une certaine façon, les anciennes Volvo : un peu coupé à la serpe, mais donnant une impression de robustesse.
Merci pour cet article constructif et plein de mises en perspective.
Merci pour ce retour… Oui Macandphoto a commencé en 2005, voila pourquoi le design est resté assez étroit.
Entre mes reportages, voyages et formations, je ne trouve pas le temps de tout refaire malheureusement !
Un jour peut-etre !
Merci again…
Contrairement a 2005, on trouve désormais les fiches techniques décortiquées et comparées les unes aux autres un peu partout… (sur le modèle de ce que nous étions très peu nombreux a faire en 2005)
je pense me concentrer a l’avenir sur la mise en perspective de tout ça pour prendre un peu de hauteur de vue…
Fort juste. Il y a quand meme une chose que l’on peut relever sur les fiches, mais ce n’est pas tant du marketing qu’un vrai plus pour le photographe : les appareils sont de plus en plus legers, et meme avec un zoom professionel il est bon de suivre ce que peut apporter un m4/3.
J’aime le blog de Ming Thein, toujours richement documente et parfaitement bien ecrit. Son tableau m’a saisi justement en comparant le poids d’un systeme complet Olympus vs. Nikon :
http://www.flickr.com/photos/mingthein/9666604337/
Mais il y a un 7-14 ! Chez panasonic certes. Au pire il y a un 9-18 chez olympus
Bonjour, pour le format, 4/3; ici c’est du micro 4/3 et c’est celui du capteur.
un réglage dans le menu vous permet d’ opter pour un format final autre si vous shootez en jpg .En format natif RAW, je le concéde, c’est du micro 4/3..
eh vous oubliez quelque chose, c’est le rendu des couleurs, non? Quoi de plus détestable que de devoir toujours ajouter ou retrancher quelquechose pour approcher le réel.
Bonjour,
Pour l’instant je n’ai utilisé que mon téléphone pour faire des photos, mais comme j’ai atteint les limites d’utilisation, j’envisage l’achat d’un VRAI appareil, donc merci pour cet article. (je crois que je vais prendre le Olympus Stylus 1 (600E, zoom 28-300) qui sort en novembre, plus adapté aux novices !).
Sinon je comprends pas cette phrase : « L’absence d’écran de contrôle supérieur monochrome (celui dont les anciens photographes argentiques refusent de se passer …) »
=> Je vois pas à quoi ça ressemble, est-ce qu’il y a qq part des photos de cet écran ?
Eric
Est-ce qu’il y a déjà une revue de cet appareil, notamment du viseur?
Marre que vous compariez tjs les nouveautés avec vos vieux réflex nikon et canon….nous on veut un appareil que l’on puisse emporter partout sans prendre un camion donc un bon zoom 14/150 et pourquoi pas un 18/270! Un bon viseur dans lequel il y a toutes les infos….
et j’oubliais pour Eric, cet écran de contrôle du dessus ne sert à rien puisque il y a déjà toutes les infos dans le viseur ou sur l’écran arrière…alors pourquoi consommer de l’énergie pour rien?
COQUEL, bonjour,
Jje serai bien interressé par un Olympus mais le problème avec cete marque, comme leica dans une moindre mesure, c’est qu’elle véhicule de nombreux « fans », inconditionnels d’une marque mythique qui a quand même traversé le désert pendant 2 décennies… heureusement que les « vieux » Reflex Canon et Nikon (et Minolta fut-un temps) était là pour nous permettre de continuer à prendre des photos. Le M1 est un bel appareil et il a de nombreux arguments à proposer, mais il est si difficile de trouver un avis objectif sur le sujet (un peu comme Alfa Roméo dans le domaine automobile) : vous dénigrez des appareils qui sont au demeurant très bons et cela donne le sentiment que vous n’avez pas forcément les vrais arguments pour justifier le choix de votre marque. Quand vous rêvez d’un 14-150 f/5.6, certes avec un poids contenu mais au prix d’une profondeur de champs de 3 kilomètres à pleine ouverture, admettez que d’autres (comme moi) soient attachés à leur 70-200 f/2.8 sur^un « vieux » Reflex Full Frame qui pèse une tonne. Oui, le poids est un défaut, mais oui, ces Reflex permettent des choses que le micro 4/3 ne permet pas.
Quant à l’écran du dessous, il sert à afficher manuellement un réglage de diaph, de motorisation, etc, sans avoir à porter l’oeil au viseur ou sans consommer en quelques heures la batterie en jouant sur le bel écran couleur, car ça aussi c’est un défaut des hybrides que vous occultez un peu vite : je peux faire 2.000 photos avec mon Reflex sans recharge, et vous ?
Cordialement,
Nicolas.