Deux nouveaux compacts experts viennent d’être annoncés chez Nikon : le Coolpix A (relativement innovant et le Coolpix 330 (plus polyvalent mais plus classique). L’occasion de revenir sur le Nikon P7700, qui va cohabiter dans la gamme avec les nouveaux venus. Que vaut-il, face au Sony RX100 (testé ici), au Canon S100 (testé ici), au Fuji X10 (test ici), au Fuji X100 (testé ici), à l’Olympus RX-1 (test ici), au Canon G12 (testé ici)… Je rappel que vous pouvez accéder à la catégorie compacts experts ici.
Réactivité, la douche froide
L’allumage de l’appareil est moyennement rapide : environ 2 sec, c’est dans la norme des compacts experts. J’ai commencé par tester le P7700 en JPEG. En mode vue par vue, on doit patienter deux grosses secondes entre chaque image, avant de pouvoir déclencher. Ce qui dégage une impression de lourdeur… En rafale, le P7700 peut enchainer 6 JPEG en rafale à 8 im/sec. Pas mal… Mais c’est moins intéressant que le Sony RX100, capable (avec une résolution supérieure) d’enchainer une série de 15 photos à 7 im/sec.
A noter que la réactivité de l’AF m’a posé problème en basse lumière et j’ai fait pas mal d’images floues au téléobjectif. Ce fut ensuite la douche froide au moment de basculer en RAW, qui est pourtant la raison d’être d’un compact expert… L’enregistrement est excessivement lent ! En mode vue par vue l’appareil reste indisponible 5 à 7 (interminables) secondes entre chaque RAW…
Paris, vu du haut de la Butte Montmartre. Encore une fois, le 200 mm permet d’isoler la zone la plus intéressante d’un paysage. D’ici, j’ai réalisé d’autres images à toutes les focales, qui sont moins intéressantes… La sensibilité inutilement élevée de 640 ISO résulte d’une erreur : je me suis fait piéger par l’ergonomie du P7700. Toutefois la qualité d’image reste acceptable. Priorité Ouverture – 1/1600 sec – f/5,0 – 640 ISO – 200 mm.
Exactement comme son ancêtre de 2010, ce qui pour les habitués au reflex, sera une caractéristique éliminatoire. Une apathie jamais constatée avec aucun Canon G (même anciens), ni avec les petits S90, S95 et S100.
Nous sommes encore à des années lumières de la réactivité du Sony RX100. Une très mauvaise surprise donc, qui me rappel pourquoi j’avais renoncé à voyager avec le Nikon P7000 en 2010.
En Mode Rafale, le P7700 peut enchainer une rafle de 6 images RAW à 8 im/sec. Mais j’ai abandonné ce mode, car la moindre rafale bloque l’appareil plusieurs dizaines de secondes, sans vous laisser opérer. Une excellente façon de rater la suite de l’action, qui se déroule devant votre objectif impuissant. C’est du vécu ! J’ai raté pas mal d’images immanquables, que je n’aurais jamais du rater… Le Sony RX100 privilégie une rafale plus longue de 13 images à la cadence de 4 im/sec, ce qui est préférable car vous gardez la possibilité de déclencher, si la scène l’exige.
J’ai profité autant que possible du 200 mm du Nikon P7700, afin d’isoler des silhouettes encadrés entre les perspectives des bâtiments… Prendre régulièrement des images, dans les mêmes rues du même quartier, vous pousse à rechercher toujours de nouveaux points de vue pour éviter de vous répéter. En cela le 200 mm est irremplaçable. Priorité Ouverture – 1/1600 sec – f/5,6 – 640 ISO – 200 mm.
Qualité d’image, excellente
Le Nikon P7700 est équipé comme la plupart de ses concurrents (S100, G15), d’un « petit » capteur de 1/1,7 pouces (approximativement 7,6 x 5,7 mm). Mais, eu égare à la taille « standard » de ce capteur, la qualité d’image est vraiment excellente. En dessous de 800 ISO, son piqué ravira les photographes les plus exigeants. Les progrès par rapport au P7100 sont visibles et s’expliquent par une résolution en léger progrès (de 10 à 12 Mpix), mais surtout par l’arrivée de la technologie CMOS rétro éclairé (BSI) qui remplace le CCD…
Il n’en reste pas moins qu’à partir de 400 ISO, le Sony RX100 creusera l’écart grâce à son capteur 20 Mpix de 1 pouces (13,2 x 8,8 mm), qui met une claque à tous ses adversaires… Pour tout photographe susceptible de réaliser des tirages A3, les 150 € supplémentaires que coûte ce RX100 me semble donc justifiés,.
A condition bien sûr, de ne pas avoir un besoin impérieux d’un 200 mm : voilà une précision importante à l’attention des amateurs de photo sportive et animalière ! Car en termes d’agrandissement, le gain de résolution (de 12 à 20 Mpix) ne rivalise en aucun cas, avec ce que permet une focale deux fois plus longue.
Dit autrement : pour une distance au sujet donnée n’imaginez pas que le gain de résolution du RX100 puisse par recadrage, vous permettre d’égaler l’agrandissement du 200 mm… Avec 20 Mpix et un 100 mm, il faudra vous approcher physiquement de votre sujet, pour l’agrandir autant qu’avec 12 Mpix et un 200 mm.
Mais, bilan contrasté
Pour conclure, la qualité d’image du P7700 sera parfaite pour la plupart des photographes, notamment ceux qui aiment s’approcher de leur sujet… Mais vu le niveau auxquels sont parvenus la plupart des compacts experts en 2012, la qualité d’image ne devrait pas être votre seul critère de sélection.
Selon le type de photographe que vous êtes, intéressez-vous aussi à la réactivité, à la polyvalence du zoom et à la compacité de votre appareil. Car le meilleur compact, est celui avec lequel on se sent bien, que l’on n’hésite pas à glisser dans une poche au quotidien et qui vous assure de ne jamais rater l’instant décisif.
En fait le Nikon P7700, sait faire ce que le Sony RX100 ne sait pas faire, sans le concurrencer sur le plan de la résolution et des performances en basse lumière… Mais il faut mettre dans l’équation une différence de 200 € en faveur du Nikon… et la polyvalence inédite du zoom du P7700.
Pour la polyvalence, ce Nikon P7700 reste unique grâce à la combinaison inédite du 200 mm et de l’écran orientable. Les deux ensemble, m’ont permis de réussir quelques photos très originales, impossibles à prendre avec un autre compact… Mais paradoxalement j’ai aussi raté pas mal d’images « immanquables » que je n’aurais pas raté avec un appareil plus rapide (et ils sont nombreux).
Sa médiocre réactivité en RAW, rebutera la plupart des photographes confirmés et m’a gâché le plaisir d’exploiter son fantastique objectif. J’ai maudis le P7700, au moment de réaliser des portraits de mes amis. Sa lenteur à chaque déclenchement m’a fait passé pour un… débutant ! Le genre « attends, bouge pas » qui fait perdre tout naturel à votre modèle. D’autant plus frustrant que son 200 mm est fantastique pour les portraits.
J’ai pu constater des effets de bordure un peu étranges, autour des feuilles et du tronc d’arbre… Pas trop gênant toutefois, le P7700 serait un excellent appareil pour les images nocturnes s’il était un peu plus rapide. Anecdotique, la pause longue monte à 60 sec sur le P7700 (alors que la plupart des reflex sont limités à 30 sec). Priorité Ouverture – 1/25 sec – f/2,0 – 800 ISO – 28 mm.
Il est étonnant de voir Nikon trébucher si près du but pour la troisième fois… Je ne pourrais donc recommander le P7700 qu’aux photographes confirmés, adeptes exclusifs du JPEG et cherchant une longue focale. Une cible plutôt étroite… D’autant que son ergonomie reste globalement pénible : si vous ne l’utilisez pas très souvent, vous risquez oublier quelques détails entre chaque sortie. Un bilan contrasté donc… On attend le prochain ?
PS : en complément de cet article, je colle ici ce que j’avais écrit en parlant du Sony RX100, ou j’avance une idée un peu folle. Mais peut-être Nikon va-t-il nous proposer un Coolpix B équipé d’un 40 mm ? Puis un Coolpix C équipé d’un 90 mm ?
Idée folle : s’il semble techniquement impossible de créer un compact de haute tenue, équipé d’un 24-200 mm à grande ouverture… Alors suggérons aux fabricants de nous proposer un couple de compacts complémentaires, spécialement destinés aux photographes experts et pro :
- Le premier serait équipé d’un 24-70 mm (en privilégiant une grande ouverture).
- Et le second d’un 70-200 mm (en privilégiant le range focal).
Et de proposer un kit avantageux lorsque l’on achèterait les deux ensemble ! Tant il est vrai que les pros ne voyagent jamais avec un seul appareil, mais la plupart du temps avec deux… Avec ces deux compacts couvrant un tel range focale, il deviendrait presque possible de voyager en se passant de reflex.
Après tout, c’était presque un peu l’idée derrière les Nikon 35Ti et 28Ti… Mais depuis cette époque, les progrès réalisé sur les compacts sont vraiment époustoufflants. Un travail de reportage ambitieux au compact de poche n’était guère envisageable à l’époque. Il l’est aujourd’hui…
- Test terrain Nikon P7700 : Partie 1.
- Test terrain Nikon P7700 : Partie 2.
Bonjour,
Merci pour cette excellente revue du P7700.
En vieillissant, on recherche de plus en plus à se protéger les cervicales et le dos.
J’ai donc décidé de remplacer le 2° boitier (D300) qui accompagne mon D800 par un « compact expert ». L’idée est de monter sur le D800 l’objectif de la journée photo prévue (16-35 – 24-70 – ou 70-200 mm F/4) et (sans avoir à changer d’objectif sur le terrain), de switcher vers le Compact selon les besoins.
Est-ce un doux rêve ?
En tout cas j’attends avec impatience votre « test terrain » du P 7800 avant de me décider.
Merci