Voici, un second exercice, dans la veine de ceux de mon bouquin « Travaux pratiques avec Photoshop Lightroom 2 » publié chez Dunod (qui vient d’être réimprimé). Vous pouvez relire ici un autre tuto : les Filtres gradués pour les paysages.
Météo grise, images à contre jour, hautes lumières brûlées… La solution est à rechercher dans une gestion astucieuse des curseurs Exposition, Luminosité, Lumière d’appoint et Noir. Lorsque la « belle lumière » n’est pas au rendez-vous mais que votre sujet est digne d’intérêt, ne renoncez jamais à faire des images au format RAW…
Car le format RAW permet de réaliser des miracles et de « sauver les meubles », même avec les pires « lumières pourries »… Autre conséquence de son fantastique potentiel, vous pourrez vous passer de flash la plupart du temps. Je ne l’utilisais déjà pas souvent « avant », du temps de l’argentique, mais depuis que je travaille en format RAW je ne le sors plus que 3 ou 4 fois par an. Et le plus souvent, je me contente d’un discret éclair du petit flash embarqué de mon reflex, qui suffit à déboucher la scène…
- Mode : S (Priorité vitesse).
- Ouverture : f/10.
- Sensibilité : 200 ISO.
- Vitesse : 60e sec.
- Focale : 16 mm.
- EF 16-35 mm f/2.8 L USM
- Canon EOS 5D
Rizière dans les montagnes du centre de Bali. © Vibert / Actionreporter.com
Si cette image avait été capturée en JPEG, le ciel aurait été définitivement brûlé sans aucune chance de récupération. Mais en poussant le curseur Exposition vers la gauche, c’est une révélation…
Le curseur Exposition pilote la partie droite de l’histogramme : les hautes lumières. En les sous-exposant au maximum, on constate que toutes les nuances de ce ciel d’orage ont parfaitement étés enregistrées par le capteur du reflex. Bien évidemment « pousser le curseur Exposition vers la gauche » entraine une sous-exposition complète de l’image ! Mais nous pourrons la corriger facilement à l’étape suivante…
Dans ce genre de cas, l’utilisation du curseur Récupération est totalement inutile… Je l’évite autant que possible car il provoque une cassure du haut de la courbe et donne un aspect artificiel aux images. Je prendrais un de ces jours le temps d’expliquer pourquoi il est totalement contre-productif et ne sert qu’a « abimer » vos images en les privant de tout contraste dans les hautes lumières.
Je vous garanti qu’une gestion intelligente du couple Exposition et Luminosité permet de récupérer autant les hautes lumières, sans affecter l’aspect « naturelle » de celles-ci (j’ai fait de nombreuses expériences en la matière)… Le curseur Récupération n’a été crée que pour les utilisateurs qui ne savent pas utiliser les curseurs traditionnels.
Je pousse ensuite à 100% le curseur Luminosité pour déboucher l’ensemble de la scène (je serais amené à pondérer ce réglage ensuite). Sur cette image, je dois faire appel aussi au curseur Lumière d’appoint, dont l’effet ressemble à un coup de flash virtuel.
Lumière d’appoint est un curseur extrêmement puissant, mais son utilisation entraîne systématiquement une importante perte de contraste. Le curseur Noir permet heureusement de retrouver du contraste dans les tons sombres. Les habitués pourront obtenir plus ou moins le même résultat en utilisant l’outil Courbe de Tonalité, mais l’utilisation de ce dernier outil est plus délicate et moins intuitive.
L’image a beaucoup changé : elle est plus intéressante maintenant. Elle reste toutefois encore terne. Malgré tous les progrès de Lightroom et le potentiel du RAW, il est difficile d’inventer du contraste, là ou n’existait que du gris…
Nous sommes donc contraints d’employer les grands moyens : ce sont les filtres gradués (raccourci m), qui en dernier recours vont nous permettre d’introduire de nouvelles nuances et du contraste par zones… Exactement comme « les plus anciens » d’entre nous le faisaient sous l’agrandisseur.
J’applique un premier filtre gradué sur les plans de riz à gauche. J’augmente le contraste et la saturation localement en éclairant les tons clairs (curseur Exposition vers la droite) et en fonçant les tons foncés (curseur Luminosité vers la gauche)…
C’est d’ailleurs une opération exactement inverse, à celle qui été faite globalement pour « récupérer » le ciel et qui nous avait valu une perte de contraste globale (Luminosité à droite et Exposition à gauche)… Pas obligatoire, mais on peut éventuellement ajouter au premier plan, une très légère dominante vert printemps (flèche), un poil de saturation, de netteté et un soupçon de Clarté (je préfère utiliser l’outil Clarté localement, car sur l’ensemble de l’image il donne un côté « charbonneux » assez reconnaissable et artificiel. S’il m’arrive de l’utiliser sur la globalité de l’image c’est à des valeurs imperceptibles).
Un second Filtre gradué est nécessaire pour augmenter le contraste du ciel et l’assombrir globalement. Je l’applique cette fois-ci de haut en bas dans un coin de l’image.
Foncer les tons sombres en poussant vers la gauche le curseur Luminosité permet d’alourdir ces nuages d’orage. En même temps, j’éclairci légèrement les hautes lumières en poussant vers la droite le curseur Exposition pour augmenter le contraste. Je n’hésite pas à colorer légèrement le Filtre d’à peine un peu de bleu.
Pour plus de finesse on peut choisir de travailler avec deux filtres Gradués disposé un peu de travers dans les angles gauches et droits de l’image. J’essaye le plus souvent d’échapper à la symétrie, car elle est toujours ennuyeuse. Attention en utilisant les filtres gradués, car toutes vos images finiraient par se ressembler. Ils sont si pratiques et si rapides à appliquer qu’on se fait prendre au jeux et on les utilise à « tout bout de champs ». Ce qui débouche sur un « maniérisme » systématique, un peu comme le HDR ;-)
Il est temps de fermer l’outil Filtre gradué en pressant la touche m. Revenons aux réglages de base et appliquons un soupçon de Clarté à la globalité de l’image. L’outil Clarté génére une forme de contraste local…
Il est pratique pour réveiller les images un peu ternes, la sensation de netteté est également renforcée (du moins lorsque l’on regarde l’image d’assez loin). Un réglage particulier de l’outil Accentuation de Photoshop ainsi que l’outil Tons foncés / Tons clairs permettaient d’obtenir un effet semblable. Mais ces outils de Photoshop n’agissaient malheureusement pas sur les fichiers RAW.
Attention à ne pas appliquer cette recette trop brutalement et trop systématiquement. Sans quoi vos images auront toutes un petit côté « charbonneux » facilement reconnaissable…
Pour rendre cette image plus croustillante, j’accentue sa netteté globalement (1) dans l’outil Détails. Il est alors nécessaire (dans LR1 et 2) d’augmenter la taille d’affichage à 100%, pour évaluer celle-ci.
L’accentuation peut dans certains cas, entraîner une montée du bruit qui est d’autant plus élevée que nous avons fortement éclairé les zones sombres. L’accentuation globale se combine avec celle des filtres gradués. Il est donc nécessaire de surveiller particulièrement les zones ayant subit des retouches localisées.
L’onglet Détail propose aussi une correction du bruit (2) en luminance et en chrominance. J’utilise la correction en Luminance très parcimonieusement (quasiment jamais), car je n’aime pas les images artificiellement lissées et leur petit côté « en plastique ». Je préfère conserver un peu de bruit…
Comme d’hab, un tuto très utile surtout quand on fait de la photo en ballade et que l’on se trouve rarement au bon moment avec une belle lumière.
Bonjour Jean-François,
Merci pour ces tutos, tout aussi utiles que ton très réussi livre.
Par contre toujours le même problème : l’exemple pratique ! Il serait très intéressant de fournir le RAW pour tester la démarche appliquée. J’imagine que certaines images ne sont pas librement diffusables mais d’autres peut-être que oui, voir même des images dont tu n’es pas l’auteur (vive les Creative Commons ;-) )
Tu avais déjà diffuser une Raw. Envisages-tu de recommencer ?
Hello merci !
Le gros problème de la diffusion des images, vient de l’éditeur (Dunod filiale d’Hachette, c’est pas un petit éditeur donc), qui n’a pas voulu payer les 700 Euros (somme ridicule) que j’avais fini par proposer (après une longue négo), pour acheter le doit de diffuser mes RAW sur son site. Donc situation de blocage…
Maintenant, si le livre se vend bien : peut-être céderont-ils pour une prochaine ré édition ?
Disons, que après tout ce que j’ai écrit ici ou là sur la défense des droits d’auteurs, je ne suis pas près de laisser diffuser des RAW sur le net, pour seulement quelques centaines d’Euro (c’est tout ce qu’avait proposé l’éditeur après plusieurs échanges et une négociation assez longue disais-je…)
Quand on sait ce que ces images ont couté à produire (en billets d’avion, expertise, matériel, optiques et surtout savoir-faire qui est le fruit d’années et d’années de travail)… quelques centaines d’euros est totalement scandaleux !
Ne pas oublier que l’auteur (moi), ne touche que 8% des ventes Hors Taxe (ce livre est vendu 17 à 18 €). Ce qui ne fait vraiment pas beaucoup (la plus grosse part revient à l’éditeur). C’est donc à l’éditeur d’acheter les droit de diffuser ces images sur le net. Et certainement pas à moi de les offrir gratuitement.
Toutefois, je les propose aux élèves qui viennent prendre des cours particuliers avec moi sur Paris (je me déplace aussi en Province). Et dans ce cas, je suis très heureux de leur communiquer ! Me contacter éventuellement : vibert@actionreporter.com
Come on JF, tu penses tout de même pas sérieusement mettre un RAW sur internet ?????
Noooonnn !??!
Jean-François,
je comprends très bien pour le livre. Par contre un peu moins pour le blog, les images t’appartenant, tu serais libre de les diffuser.
Après on ne parle pas forcement d’images à haute valeur ajoutée :) (même si l’exemple de ton tuto devient très sympa et est un très bon exemple). Dans ce cadre la diffusion d’un RAW est envisageable. (un jpeg basse déf ne protège pas contre la copie ou une diffusion non autorisé.)
Il est vrai que la démarche photographique est un tout et le traitement RAW a largement sa place.
En te remerciant pour tes conseils et la qualité de tes infos,
Vincent
Bonjour Jean-François,
merci pour ce nouveau tutoriel. Je vais vite m’acheter votre ouvrage, car même en utilisant LR régulièrement (c’est un de mes outils de travail avec DxO Optics), on passe toujours à côté de certains réglages efficaces dans des cas particuliers.
Je rebondis aussi sur le court message de Chris. Je ne trouve pas effrayant de « donner » un RAW sur le web. Bien entendu, je ne mettrai jamais un RAW, ni même un JPG haute def, issu de mes images distribuées en agence photo, mais une image comme la vôtre, certes sympa, mais sans doute pas la meilleure de votre voyage, ne saurait vous causer du tort. Non ? Il m’est déjà arrivé de partager des fichiers et rien de grave ne m’est arrivé :o) Certes, je me suis fait voler mon salon de jardin, mais je ne crois pas que ce soit lié ;o)
Internet fait peur, et ce n’est en effet pas le monde des bisounours, mais en connaissant les dangers éventuels, il est facile d’éviter des désagréments.
Merci pour tout.
Bonne journée et bon réveillon ! Kénavo !
Justement JF, pourquoi ne pas « court-circuiter » l’éditeur en proposant directement tes futurs livres en PDF ? (message subliminal : un « guide du Canon EOS 7D » serait bien utile)
Ta marge serait alors plus motivante pour justifier le temps passé sur l’écriture. Certes, un PDF n’est pas très agréable pour ce genre d’ouvrage mais si ça permet une plus grande réactivité et un coût de production plus faible, tout le monde est gagnant.
c’est sur que ces fameux 8% sont purement scandaleux.. et injustifiable !
Mais je suis le premier a dire qu’un ebook en pdf.. c’est tout sauf agréable a parcourir.. le papier est indétronable..
enfin pour ma part ca fait lgpts que je l’ai acheté ton libre.. et c’est vrai que j’aurai adorer pouvoir reproduire tes demo.. et ainsi valider que j’avais bien saisi tes explications..
Hello tout le monde… Oui, je sais que je ne perdrait pas directement des ventes en publiant quelques RAW sur le net. Ni qu’il arrive quelque chose de grave.
D’ailleurs il y a quelques temps, j’avais communiqué une de ces image RAW à mes lecteurs pour leur faire plaisir. Je la repasse à cette adresse :
http://www.macandphoto.com/2010/01/tp.html
Mais la question n’est pas là : un éditeur doit payer pour publier ! Point final… Pas d’images gratuites, ou quasi gratuites pour une entreprise commercial !
C’est une question de principe : il ne faut pas pousser mémé dans les zoctets ;-)
Concernant l’auto édition : j’y ai pensé… Mais ce ne sera pas en pdf ! Trop de piratage, si ça se fait ce sera de l’impression (pour une question d’agrément et de piratage).
8% c’est faible, mais ça reste dans les normes. Il ne faut pas oublier qu’il y a les marges du revendeur à rajouter à celle de l’éditeur, sans compter l’impression, la mise en page, la correction, etc.
Une librairie prend généralement entre 30 et 40% de marge sur les bouquins.
Pour qu’une personne gagne de l’argent sur un livre, il faut en vendre un paquet.
Et même l’éditeur n’est jamais sûr de gagner de l’argent sur un livre.
Pour les solutions PDF et autres, ce serait voué à l’échec. Des solutions comme le Kindle ou une tablette d’Apple pourraient être des alternatives lorsqu’elles proposeront des ouvrages numériques en couleur, mais à mon avis il faut encore compter des nombreuses années avant que l’édition numérique supplante le papier.
En tout cas merci pour ces articles publiés sur le net, ils sont simples à lire et souvent intéressants. :)
Vraiment dommage que l’éditeur ai refusé de payer cette somme presque symbolique pour la diffusion des RAWs
8 % ce n’est pas faible, c’est même le double de ce qu’un photographe lambda obtient avec ses photos dans un bouquin. JF a 8 % parce qu’il a ses photos ET son texte. Sinon, c’est 4 % .
He oui, c’est la norme. Et attention, c’est un pourcentage sur le prix de vente HORS TAXE.
A propos de lightroom et autres logiciel de retouche: ceci qui tourne autour de « la photo parfaite » et mérite réflexion: http://culturevisuelle.org/totem/.
Car enfin, n’arrive-t-on pas ici au syndrome-flickr et aux photos reproductibles à l’infini. Vive la photo ratée! Vive la diversité!
Merci Jean-François pour cette matinée de formation Lightroom (6 janvier 2010).
Une excellente façon de s’initier à Lightroom, même si j’aurais aimé passer plus de temps sur la partie « développement ». Mais cette dernière est peut-être plus accessible en « auto-formation » que toutes les astuces que l’on a pu aborder sur la question de la bibliothèque et du cataloguage (qui s’avère plutôt très complet)
Je crois que je vais essayer ce logiciel en profondeur, histoire de comparer avec DPP/Bridge/PS.
article tres interressant !
Nikoniste et utilisant NX2, je vais tenté de transposer cette technique, c’est à dire éviter tant que ce peut d’utiliser D-Lighting dans le processus de rattrapage d’un ciel « blanchi ». Si je comprend bien, car ne connaissant pas du tout Lightroom, les U-Point de NX2 ont la meme fonction que les filtre gradues ?
cordialement.
On peut obtenir le même résultat en éditant 2 images dont une avec le ciel « récupérée » et en les fusionnant sous Photoshop.
Un peu plus long, mais la manœuvre est intéressante avec l’emploi des filtres non-destructeur
Merci beaucoup pour ce Tuto ! Top