De retour ce soir du Restaurant Dans le noir, ou j’ai vécu une expérience gastronomique des plus décevante… J’en reste encore « sur mon derrière ». Voilà qui mérite bien un petit billet (ma première chronique gastronomique en fait) très éloigné de nos préoccupations habituelles ;-)
Au cours de mes années journalistiques, j’ai pourtant pas mal voyagé, j’en ai vu des vertes et des pas mures dans le genre « concept »… Je dîne souvent (trop souvent) dans toutes sortes de restaurants, des plus « cheap » aux plus luxueux. Je suis souvent invité, mais de temps à autre je ne rechigne pas à une petite folie… Et surtout je n’ai pas peur du noir. Bien au contraire je raffole des sensations extrèmes, des plongées de nuits, des plongées profondes à l’intérieur des épaves de la flotte Japonaise aux Philippines et j’ai même fait un peu de spéléo étant jeune (passant jusqu’à 12h sous terre). Je me réjouissais donc de cette expérience originale !
Malheureusement cela commence assez mal : l’accueil est pressé, impersonnel et même autoritaire tant le personnel est pressé de se débarrasser des consignes (soi-disant de sécurité) façon Æroflot… On ne me présente aucun menu (donc aucun prix) mais on m’engage fermement à choisir le « Menu Surprise »… Ce que doivent faire invariablement 90% des clients (cela doit être plus pratique en cuisine).
L’idée est que vous deviniez au fur et à mesure ce que vous mangez et l’on vous promet de vous montrer les photos des plats à la fin ! Soit…
Entrée en matière (noire) : Une fois installé, nos plats, verres et couverts repérés voici l’entrée. Il s’agit d’un tartare de saumon à l’annette, surmonté de deux framboises. Le tout est déjoué en 2 secondes : aucune surprise… C’est ça l’explosion de saveurs promise ? Cette dégustation s’avère décevante… Après 10 minutes d’étonnement l’ambiance se gâte car la salle devient terriblement bruyante et surchauffée (pourtant il pleut dehors). Je découvre qu’il est absolument impossible de parler à quiconque, excepté à mon vis-à-vis. Heureusement j’ai la chance d’être assis en face de la charmante Lee qui nous a convié ici. Ne m’en veux pas Lee, si tu me lis ! Tout ça n’est pas de ta faute ;-)
Pour le repas Zen vous repasserez ! Peut-être au moment du déjeuner ? Mais sûrement pas le soir (même un mercredi soir 22 août à 21h)… D’ailleurs il y a une petite famille à mon coude droit (oui, on se touche du coude, c’est bien convivial) et lorsque je renverse mon verre de rouge sur mon pantalon, ça amuse les gamins ! C’est déjà ça… Ce restaurant est bondée, les tables se touchent et sont alignées façon cantine scolaire. La réservation est d’ailleurs nécessaire, voilà une affaire qui « invisiblement » doit tourner fort !
Pour l’instant je suis plutôt déçu : car nous sommes vraiment très loin de l’expérience gustative, sensorielle, zen et pédagogique promise… Il faut lire le site : « Aidé par nos guides non-voyant vous allez réévaluer complètement la notion du goût et de l’odorat autour d’une cuisine aussi savoureuse et saine que pédagogique ».
Pour ce qui nous concerne, nous n’avons été guidé par personne. Et pour l’échange « ethique » entre voyants et non voyants : walou… Cela s’est résumé à un personnel plus pressé que dans la pire des brasseries au moment du coup de feux… ou plutôt coup de fusil ! Mais nous n’avions pas encore touché le fond…
Attention, pas un geste ! Ne vous avisez surtout pas (comme je l’ai fais), de vous lever pour expérimenter un tant soit peu le concept : « je suis dans le noir, vais-je réussir à faire le tour de la table pour pincer les fesse des mes ami(e)s »… Le personnel devient à ce moment franchement désagréable et vous intime immédiatement l’ordre de vous asseoir pour « raison de sécurité ». Ahah ! ! ! Vraiment ça ne rigole pas ici ! Heureusement je ne suis pas Jean-Luc Delarue et je garde tout mon cool, réussissant à « désamorcer » la serveuse avant explosion !
Détour aux toilettes : Tant que je suis debout, je demande à « mon guide » (oui, c’est comme ça qu’on appèle le personnel ici) de me conduire au toilettes. Ici l’éclairage est normal ce qui me permet de constater que le rouleau de papier est bloqué : impossible d’obtenir la moindre feuille arggh ! J’insiste, mais rien à faire. Tant pis j’attendrais… C’est souvent à ses toilettes que l’on se fait une idée de la classe d’un restaurant, à défaut de visiter les cuisines. Celles-ci auraient mieux fait de rester dans le noir, ou au moins dans la pénombre…
Voici le plat principal et la note, pas de café merci ! Je replonge dans le noir, le plat principal est agrémenté de légumes variés. Je devine une tranche de rôti un peu sèche, que nous finissons tous par déchiqueter avec les mains car nos couteaux ne peuvent l’entamer… Dépité, je finis tout de même ma gamelle avec les doigts.
Pour finir la note est salée : 39€ pour une entrée maigrichonne et ce rôti trop cuit arrosé d’un rouge insignifiant à 15€ la bouteille. Pas de dessert, (je sors en ayant faim) et nous préférons prendre les cafés ailleurs… Noirs cela va sans dire car à ce stade là, il n’y a vraiment plus d’espoir !
Là-dessus : ni bonjour ni au revoir ! Triste ambiance… Je pense d’ailleurs que personne n’envisage de revenir deux fois dans cet endroit incroyablement prétentieux… Mon conseil : évitez, même une seule fois et prévenez vos amis !
Je crois bien avoir découvert l’arnaque la plus efficace de Paris ! Et je suis conforté dans cette idée, lorsque je découvre que ce restaurant à reçu le Prix Spécial du Jury du MEDEF, sans doute grâce à son concept pseudo éthique ! Rentabilité garantie, frais de décorations minimums, occupation de l’espace maximum : Dans le noir aurait aussi mérité le prix de l’Agence française de l’innovation… Non, vraiment merci ! Je déteste être pris pour un pigeon, la première éthique du restaurateur est le respect de ses clients !
Avec une attachée de presse efficace et une bonne stratégie de « com », il est si facile de berner quelques journalistes invités et soignés aux petits oignons (je connais la musique), histoire de récupérer quelques articles élogieux… Mais ensuite, du concept ambitieux et original à sa mise en pratique au quotidien, il y a un gouffre, pour ne pas dire un trou noir ! Et le client lambda tombe dedans et ne comprend pas… Il l’exprime d’ailleurs : ici ou là !
Vivement que je retourne à Hong Kong ! Je ne vous raconte même pas, les festins qu’on fait la bas avec 39 euros ni la qualité du service… Quand à l’originalité et aux explosions de saveurs : il suffit de fermer les yeux !
Très sympa ton post…
Intéressante chronique culinaire, Jeff. Tu aurais du prendre des photos des plats avec un MkIII à 6400 ISO :
Les restaurants à « concept », je suis toujours méfiant. Le concept c’est surtout de tirer du fric du client, sans forcément lui donner satisfaction. C’est vrai qu’à Hong-Kong, tu fais un festin de Dim sum à se faire péter la panse.
Avec un restau pareil, pas facile d’en mettre plein la vue à sa dulcinée ! En plus, bonjour les taches sur les vêtements à la sortie, et là c’est bide total ;-)
Au fait, l’addition est servie dans le noir pour aider à faire passer la pilule ?
Et bien merci d’en parler, parce que j’habite rue Rambuteau et ça fait plusieurs semaines que j’avais envie d’aller faire un tour dans ce restaurant, passant devant très souvent.
Donc merci de m’éviter une belle arnaque, je fais passer le message.
Christophe
moi aussi je me suis fait avoir ! même symptômes : accueil glacial, bouffe misérable, addition excessive…
Le piège à con parfait !
ahah ! Excellent JF, tu peux te recycler dans la critique gastronomique le jour ou les boîtiers t’ennuieront…
tu ne les a pas loupé !
ça sent le vécu… Merci pour cette amusante récréation
SAlut JF,
Excelllent ce post !
Je rentre du Botswana, et j’apprends plein de nouveautés, mais là, avec un post pareil, tu m’éclates !
Tu m’étonnes que ces restau ces arnarque et Cie…
La dernière fois que j’ai mangé dans le noir complet, c’était au Niger, pour ne pas attirer les hordes d’insectes… Résultat : j’ai avalé tout cru un immonde coléoptère énorme, genre scarabée de base de 2 cm de long… je m’en suis rendu compte en allumant ma frontale… beurkkk ! Et en plus, les scorpions se baladaient un peu partout sur le sable, fallait faire gaffe où on mettait ses fesse sur le sable.
Ben si à Paris, c’est pareil !!!! Ouaarfff !
Aller, et profites-en pour manger dans une salle avec lumière à Perpignan, hein… !
J’y serai toujours pas cette année, cause… Botswana, je repars dans 10 jours avec mon Mk III cette fois-ci.
CIAO
Bravo pour ce post pertinent qui montre que l’ethique est devenu aussi un artifice marketing dont il faut apprendre à se mefier. Moi aussi, j’ai eu fin et j’ai trouvé que les ondes perceptibles dans ce lieu (trou noir?) n’étaient ni très chaleureuses ni tres ethique. Quand au choix du menu, c’est un modele de PNL bien rodé qui fait que celui qui prend la commande sait que vous prendrez exactement ce qu’il a décidé. On va donc de surprise en surprise jusqu’au bouquet finale, le feu d’artifice de la carte de credit. Quitte à etre surpris et a dépenser des sous, je vous conseille plutot la cuisine moleculaire qui pour le coup est un vrai festival de saveurs. Si vous n’ètes pas trop préssés, vous pouvez toujours reserver chez el Bulli en espagne, temple mondial de ce vrai concept
ça va tu tiens le coup Michel ? T’a pas de flash la nuit après 10 heures dans le code ???
Salut Christophe ! L’hiver prochain je me fais le Botswana moi aussi… Non, mais !
Tiens, le Botswana, j’y vais le mois prochain. Pour affaires, pas pour faire des photos malheureusement. Je resterais uniquement à Gaborone, je n’irais malheureusement pas voir le delta de l’Okavango.
Dumela Râ !
JF, interdit d’aller au Botswana sans me contacter avant… Histoire de vérifier que :
1/ Si jamais j’y suis, on essaie de se faire un truc sur place.
2/ être sûr que tu vas aller dans les bon coins…
J’ai ramener des images sympas ce mois-ci, mais j’ai hâte d’y retourner dans qqs jours avec le MK III !
Renaud, aller pour affaire au Botswana, c’est pas très courant dis donc… C’est indiscret de te demander dans quel business tu es ?
contact moi direct par email le cas échéant…via mon site « contact ».
Je n’y manquerais pas (tu auras de mes nouvelles avant histoire de connaître les bon coins)…
Je connais bien Renaud ;-) il fait des affaires un peu partout…
D’ailleurs vous pourriez passer un coup de fil quand vous passez par Paris les gars !
On se ferait une petite bouffe dans un coin pas trop sombre.
alors moi je ne suis pas du tout d’accord ,l’acceuil était tres bien ,le guide tres sympathique, bonne ambiance !
Il y a d’autres victimes du restaurant d’aveugles ! Lire cette expérience désastreuse :
http://www.elchikito.com/experience-dans-le-noir
Prévenez vos amis : n’allez pas la-bas !
3 ans plus tard, même constat toujours aussi affligeant.