Les Fuji X100s et X20 viennent d’être annoncés. L’occasion de relire notre test du Fuji X100 (ici en 4 parties) et du petit X10 ci-dessous. Avant de craquer ?
- Test terrain Fuji X10 : Partie 1.
- Test terrain Fuji X10 : Partie 2.
… partie 3 sur 3 :
Options de formats de fichiers – L’ergonomie du Fuji X10 est discutable… Pourquoi donc le choix d’enregistrement en RAW ou RAW+JPEG, se cache-t-il dans le Menu SET ? Très loin de la taille d’image JPEG, situé dans le Menu Prise de vue… Compliquez encore un peu les choses, avec une inutile touche RAW, il me semble qu’en 2012 les photographes ont depuis longtemps fait leur choix entre RAW et JPEG… Lorsque l’on a goûté au RAW avec Lightroom ou Aperture, on ne s’amuse plus à panacher les deux formats.
Il est heureusement possible depuis la mise à jour firmware 1.03, d’attribuer une autre fonction à la touche RAW. Une pression longue sur celle-ci permet de changer sa fonction à tout moment, ce qui évite un pénible détour par les menus. J’ai aimé lui attribuer des fonctionnalités différentes selon les circonstances, par exemple le pilotage de la plage dynamique, ou le style d’image… A signaler qu’un jour après avoir réalisé 270 images, je me suis retrouvé avec 270 JPEG et seulement 17 RAW, alors que j’avais opté pour le double enregistrement RAW + JPEG (ce que je fais systématiquement lorsque je test un boîtier)… Je n’ai rien compris (c’est rare) ! Et je ne crois pas avoir fait d’erreur. Je soupçonne donc un bug, mais je n’ai jamais pu reproduire le phénomène.
Visualiser ce panoramique en grande taille (5680 pix).
En enregistrement RAW+JPEG, il est impossible de supprimer l’un des deux fichiers seulement (ce qui est proposé sur les compacts Canon). Il est toutefois possible de convertir les RAW en JPEG dans l’appareil. Pour cela, pressez la touche RAW pendant la lecture d’un RAW (rien ne se passe en JPEG, il manque d’ailleurs une alerte pour l’expliquer). Vous accédez ainsi à de nombreuses options intéressantes de conversion : notamment le réglage de la balance des blancs, la simulation de films (couleurs et monochromes), le niveau d’accentuation, la plage dynamique (si la sensibilité est au dessus de 200 ISO) et d’autres options plus secondaires…
Gadgets et panoramique – Basculez la molette des Modes sur Advanced, pour accéder à trois modes spéciaux qui ne produisent malheureusement que du format JPEG. Le premier génère artificiellement du flou à l’arrière plan, le second est un Mode Basse Lumière et le troisième un mode panoramique par balayage (typique de cette génération de capteurs CMOS), qui marche vraiment très bien. On peut spécifier la direction du balayage horizontal, vers la droite ou la gauche… Et pour les panoramiques verticaux, vers le bas ou vers le haut. On peut régler le balayage à 120°, 180° et 360°. Le plus esthétique étant le 120° qui donne un JPEG de 3.840 x 1.080 pixels.
Mais on peut obtenir un fichier un peu plus haut, totalisant 3.840 x 1.624 pixels, dans le cas du mode 120°. Il faut demander un balayage vertical à la place du classique horizontal, puis basculez l’appareil en cadrage portrait. Balayez la scène normalement en tenant l’appareil verticalement…
Ainsi, en Mode 180° vous obtiendrez 5.760 x 1.624 pixels et l’on atteint pas moins de 11.520 x 1.624 pixels en 360°, c’est à dire 18 Millions de pixels. Par contre ce mode très allongé me semble assez difficilement exploitable par la suite. Dans tous les cas, la hauteur maximale restera de 1.624 pixels… Je me suis régalé avec ce mode Panoramique, on est loin du panoramique inefficace de l’Olympus XZ-1. Loin aussi du Canon S100, qui ne propose qu’un guide servant à aligner plusieurs vues, en prévision d’un panoramique à monter sur ordinateur…
J’ai aussi remarqué le mode EXR qui optimise la dynamique, la correction du bruit, la mise au point, tout en sachant passer automatiquement d’un mode scène à un autre. Mais il vous impose malheureusement le format JPEG… Fuji a su faire l’économie des envahissants filtres gadgets et autres modes HDR, plus abominables les uns que les autres. Les puristes apprécieront cette ascèse… Ce qui n’empêchera personne de faire joujou sur son PC avec une avalanche de plug-in, ou avec Instamatic dans son iPhone.
Fujifilm sait faire la part des choses, entre photographie et gribouillage numérique ! Ce X10 est un vrai appareil pour photographes…
Un compact plutôt excitant – Le design du Fuji X10 est agréable et conserve une certaine neutralité grâce à l’absence de logo ou de pastille rouge voyante en façade… Ne doutons pas que beaucoup d’acheteurs choisiront ce modèle pour son design, sans être conscient de son potentiel.
Pour ma part, si j’ai apprécié le Fuji X10, c’est pour d’autres raisons : en priorité pour sa bague de zoom manuelle et son viseur.
Avec le X10, on se surprend à viser sans déclencher, juste par plaisir ! Une habitude que j’avais acquis enfant, alors que je n’avais que de quelques pellicules pour toute la durée des vacances. Je suppose qu’on apprend ainsi, à regarder plus fort… Décidément le X10 réveille des souvenirs !
S’il n’est pas encore parfait, ce Fuji X10 est sur la bonne voie. Je rêverais de lui voir ajouté un zoom démarrant à 24 mm, ce qui viendra peut-être un jour… Et si c’était possible, j’apprécierais un écran orientable verticalement, comme sur les Sony NEX.
J’ai pesté contre son autonomie médiocre comme tous les compacts. La batterie de 1.000 mAh ne tiendra que 200 à 300 images, soit une grosse demie journée. Il faudra investir dans une seconde batterie, d’autant que la jauge est peu précise, comme d’habitude. Mais il existe une position économie d’énergie…
Et surtout, on pourra éteindre l’écran en permanence pour travailler à l’aveugle, car le viseur est là. Une expérience intéressante, que tous les apprentis photographes devraient tenter un jour…
Il est dommage que ce X10 ait conservé l’habituel ratio 4/3 des compacts, contrairement au X100 équipé d’un grand capteur APS-C au ratio 3/2, comme les reflex. Mais ce dernier ne joue plus du tout dans la même cour. Je regrette d’ailleurs que le ratio 3/2 soit si rare dans le monde des compacts, seul les Nikon V1 et J1 l’ont osé pour leurs capteurs et leurs écrans.
Une certaine idée de la photographie – Finalement, ce Fuji X10 est un compacts assez agréable à utiliser. Ultime qualité, son prix reste assez raisonnable, ce qui aidera à lui pardonner quelques défauts ergonomiques. Je le recommande donc à tous les photographes passionnés et motivés… Mais peut-être pas à n’importe quels débutants, qui seront plus à l’aise avec l’ergonomie aboutie d’un Canon S100 (par exemple).
On s’étonne en passant que Leica se soit montré incapable depuis dix ans, de produire un tel appareil. Car c’était bien l’ambition de créer un appareil compact et performant, qui motiva l’invention du 24×36 et la création du Leica de 1905… A sa commercialisation en 1924, le Leica était le « compact expert » de son époque. Un peu l’équivalent d’un Fuji X10, ou d’un Canon G12 d’aujourd’hui. Il faut se rendre à l’évidence, l’innovation a changé de continent…
Un siècle plus tard, cette quête de miniaturisation reste d’actualité pour certains photographes, qui pensent que c’est en marchant des heures que l’on trouve matière à photographier…
Finalement le Fuji X10 propose le cocktail assez réussi entre compacité, plaisir d’utilisation et performances. Ceci paradoxalement, en remettant au goût du jour certaines recettes du passé !
Au delà de considérations techniques, Fuji a su prendre le contrepied d’une pratique photographique désincarnée, qui prévalait depuis dix ans… Pratique plus proche de l’informatique ou du “technico-consumérisme béat”, que de la photographie !
Faute de savoir observer avant de déclencher, c’est à la longueur de la fiche technique que certains s’intéressent… Faute de viseur optique : c’est la forme d’un histogramme qui avait pris le pas sur les éléments essentiels du langage photographique… La spontanéité d’un instant fugitif ! Le contraste évanescent d’une scène, la rareté d’un rayon de lumière saisi au hasard d’une promenade à pied.
Plus qu’un simple compact, le Fuji X10 est donc une sorte de manifeste ! Pas 100% réussi, mais attachant. Un signe de reconnaissance entre ceux qui se font une certaine idée de la photo. Il aura fallut qu’un fabricant (de films) ait finalement l’intelligence de proposer sur un compact : ce viseur acceptable et ce zoom manuel. Dix ans d’attente pour en arriver là, c’était à désespérer.
- Test terrain Fuji X10 : Partie 1.
- Test terrain Fuji X10 : Partie 2.
Je partage pas mal de tes points de vue sur ce sympathique APN, pour ses qualités comme pour ses défauts. Très bonne expérience photo mais rendu particulier des raw développés par LR.
Faute de commencer à 24 mm penses-tu que la nouvelle version x20 améliorera le rendu des raws ?
Aucune idée… Mais c’est plutôt du côté de Lightroom qu’il faut attendre une évolution.
Sur les RAW du Fuji XF-1, pas de changements…
A noter qu’une version 2.0 du firmware du X10 a été publiée fin 2012, avec un bouton RAW reprogrammé et quelques filtres supplémentaires (Menu Adv).
… mais toujours pas de prise en compte du RAW du X10 dans Aperture :-(
Je viens de commander le récent X20, merci pour l’écriture de cet avis, le plus crédible de tout ce que j’ai lu, compte rendu d’où ressort une véritable conviction, où la passion photographique vibre à chaque ligne. On est aux antipodes des descriptifs des sites qui se contentent du discours lénifiants du service marketing, ou pire des amateurs bénis oui-oui qui trouveront excellent tout appareil capable de faire une photo “réussie”, c’est à dire nulle à ch****. Merci cher Vibert pour ce partage.
Jipé
Merci de ton retour !
ça fait plaisir de voir que mon travail est utile ;-)
Bravo pour cet article sur le X10
bon j’ai craqué moi aussi pour ce sympathique joujou , je ne sais pas si c’est une option du nouveau firmware , mais le cadrage en 2/3 existe bien , je maitrise pas encore tous les menus , mais j’ai déjà quelques bonnes vibrations avec .
Pour info : 170 € avec 3batteries le pare soleil et l’étui , sur le “goodcorner” :-) pourquoi se priver , maintenant j’hésite entre le X20 ou le 100S ( difficile à trouver à vil prix )
Bonjour,
Mon âge, 83 ans. Et je viens de faire l’acquisition du Fujifilm X10 d’occasion, après des années de pratique d’un bon nombre d’appareils les plus divers. Ouf, je me sens plus léger et je retrouve le plaisir de prendre des images comme dans”le bon vieux temps”. Il me plait ce petit bijou!! Vos articles sont excellents à tout point de vue et je vous remercie de les publier.
André Cottier