Kingsley Abang Kum est un jeune camerounais de 22 ans, qui un jour décida de tout quitter pour émigrer en Europe, comme beaucoup d’autres…
Le photographe Olivier Jobard l’a suivi tout au long de son dangereux périple, traversant illégalement l’Afrique Sub Saharienne : le Cameroun, le Nigeria, le Niger, le désert du Sahara, l’Algérie, le Maroc, avant de s’embarquer sur un frêle esquif en direction des Canaries…
Des légendes manuscrites de la main même de Kingsley accompagnent les images de ce livre, véritable carnet de route photographique et témoignage inédit de ce qu’est la réalité quotidienne d’un émigrant clandestin.
« Dans le Nord du Maroc, près de Nador, il y a une ville, Melilla : c’est une enclave sous autorité espagnole. Dans la petite forêt de Gourougourou, près de trois mille clandestins attendent de passer en Europe. Ils ont bâti un camp permanent. On l’appelle entre nous le village des camarades. Camarades, c’est comme ça que les gens du Maghreb appellent les immigrants illégaux comme moi ». K
Les textes ont été écrit par Florence Saugues, reporter à Paris-Match avec la collaboration de Kingsley. Olivier Jobard fait partie de l’agence SIPA et couvre depuis 1992 de nombreux conflits à travers le monde. Depuis 2001 il a particulièrement travaillé sur les flux migratoires et a obtenu en 2006 le prestigieux PHOTO WORLD PRESS / MAGAZINE, pour l’itinéraire de Kingsley.
Je suis particulièrement impressionné par la photo de couverture du livre : une grappe humaine cramponnée à un camion traversant le désert, au milieu de ce qui ressemble à une tempête de sable. Il faudra que je demande à Olivier dans quelles circonstances il l’a prise. Je crois savoir qu’il utilisait lors de ce long travail deux boîtiers Leïca. En cherchant un peu sur le net j’ai trouvé quelques images d’Olivier que je prends la liberté de reproduire ici, histoire de vous donner envie d’en voire plus…
Et j’espère ne trahir aucun secret en vous révélant qu’en ce moment il utilise au quotidien (à Bagdad ou ailleurs) deux EOS 5D, sans grip afin de rester léger et réactif… « Les 3 im/sec. du 5D me suffisent largement », m’a-t-il affirmé. Comme beaucoup de collègues, il en apprécie le viseur, il a aussi précisé qu’après avoir acquis et essayé un premier EOS 5D, il a décidé de revendre son boîtier principal, un EOS 1D, qu’il trouvait soudain bien balourd… Voilà qui conforte certaines idées exprimées ici ou là.
Pour son prochain travail ambitieux, il hésite encore entre numérique et argentique m’a-t-il avoué : « c’est vrai qu’avec mon Leïca, je reste plus discret. J’aime aussi le grain de certains films poussés à haute sensibilité. Et puis, sur ce genre de reportage, il y a aussi la question logistique » a-t-il ajouté…
Olivier sera présent à Arles à l’invitation de Raymond Depardon, aux alentours du 6 ou 7 juillet ou ses images seront présentées (elles y resteront jusqu’au 17 septembre). Vous aurez peut-être l’occasion de le croiser et de lui poser vous-même la question. « Kingsley : Carnet de route d’un immigrant clandestin » est édité chez Marval et coûte 25 euros (160 pages).
En attendant, visitez l’impressionnant Portefolio : « Du Cameroun à l’Espagne, le parcours d’un immigrant hors-la-loi », sur Le Monde.fr. Et si vous voulez savoir ce qu’est devenu Kingsley, cliquez par ici. Sachez qu’il va bien : il vit et travail en France, a finalement obtenu un permis de séjour et perdu quelques illusions.
Photos : © Olivier Jobard
Impressionnantes images. Voilà qui nous change un peu des iPod et autres derawtisers… ça fait relativiser l’importance de certains de nos débats !
Bravo à Olivier Jobard pour ce travail superbe. C’est vrai que traverser tous ces pays armé d’un reflex numérique n’est sans doutes pas la même chose qu’avec un Leïca… C’est la question du bardas que représentent les fils, les batteries suplémentaires et les chargeurs qui eut poser problème j’imagine… Plus que le fait de trouver de l’électricité non ?
Car si l’on bouge en Afrique, il est bien rare de ne pas trouver un bouiboui, ou au moins des batteries de voiture ! Au moins histoire de se recharger tous les 4 ou 5 jours… JF a montré que l’on tient largement 10 jours avec 7 batteries pleines en utilisation intensive : lire ici :
A propos du videur de cartes PD70X
Tenir 10 jours sans prise électrique
Il suffit d’emener un petit accessoire avec des pinces crocodiles pour brancher ses chargeurs dessus (ou sinon sur l’alume cigare quand il y a en a un).
A partir d’un certain nombre d’images l’encombrement des films doit largement rattraper celui de la connectique propre au numérique. Car il ne faut pas oublier que sur des cartes de 2 et 4 gigas, on met des dizaines et des dizaines de films !
… mais j’imagine que le choix d’Olivier Jobard doit plus avoir à faire avec le choix de films auxquels il est habitué (et le grain qu’il apprécie), voire avec ses Leïcas (qu’il apprécie pour leur discretion), plutôt qu’avec des question d’énergie ?
un beau travail et une belle leçon de photographie. L’appareil n’est qu’un outil au service du photographe… avec ou sans grain seul le résultat final à un sens.
leica ou pas, 1 d ou 5d, chacun choisira ses « armes » en fonction de ses besoins… non ? Nu besoin de remettre une couche sur le 5d! qui est certes très bien, mais pas super polyvalent non plus…
Ben justement, c’est la polyvalence du 5D qui me plait ! Et apparement Olivier Jobard pense la même chose que moaaah !
Tu vas me dire 3 images / sec c’est pas énorme ? Si ça suffit à Olivier Jobard, ça me suffit aussi ! Tu vas me dire : il est pas tropicalisé ? ça ne dérange pas les pros apparement…
Je serais curieux de savoir si un phoptographe tel que lui s’intéresse à l’Epson numérique en forme de Leica (je ne sais plus son nom, mais vous voyez ce que je veux dire) et compatible avec les optiques Leïca ?
M’étonnerait ça !
Beaucoup de pros utilisaient des Leïca pour passer inaperçu… Je me demande aujourd’hui si la meilleur façon de passer inaperçu ne serait pas d’employer le type d’appareil le plus vendu autour du monde : un compact numérique bas de gamme (ce sont la appareils de type Leïca qui paraissent aujourd’hui extraordinaire non ? ..)
Oui, enfin, j’sais pas, c’était une idée en passant, sans prétention !
Si l’on désire passer pour un touriste en effet, l’idée n’est pas mauvaise… A condition de trouver l’appareil dont la qualité d’image vous semble satisfaisante et la visée (bras tendus) soit compatible avec vos exigeances ! Pour ma part j’ai bien du mal à utiliser des compacts…
J’ai pour ma part pas mal voyagé et constaté que quelque soit l’appareil que vous utilisez (compact ou reflex) il est impossible de rester discret du moment que vous êtes blanc, mesurez autour de 1m80 et êtes habillé à l’occidental… au milieu de populations locales !
Donc j’imagine que le choix du Leïca est plus une question de visée, de compacité et de légèreté… que de discrètion ?
vous dites ? un lé y quoi ?
Merci pour ce post qui m’a permis de découvrir l’excellent travail d’Olivier Jobard !