Il y a 5 ans déjà, Ruben Salvadori, anthropologiste et photographe s’est intéressé à la « fabbrique des images » à Jerusalem Est, ou il était venu couvrir les tensions. Mais il y a trouvé un autre sujet d’étude tout aussi passionnant : les photo journalistes eux-même.
Et la façon dont sont « fabriquées » certaines images des conflits : Photojournalism Behind the Scènes (il y a un film tout à fait passionnant à visionner). On savait déjà que l’on peut faire dire n’importe quoi à une photo. Mais l’on découvre aussi avec une certaine stupeur (qui ne surprendra vraiment que ceux qui ne connaissent rien à ce métier), que dans certains cas : certaines photos sont fabriquées tout simplement pour alimenter un marché prêt à les diffuser : « This is what we have to create if we want to sell. »
Photos : Ruben Salvadori.
On peut même se poser cette question… Si personne n’était présent pour les photographier (voir les motiver) : certains évènements violents (qui génèrent ces belles photos), existeraient-ils ? La question prend tout son sens, au fur et à mesure que les années passent…
Photojournalism Behind the Scenes [ITA-ENG subs] from Ruben Salvadori on Vimeo.
Ruben Salvador aurait probablement pu faire les mêmes observation (en moins dangereux) et en tirer les mêmes conclusion : à Paris, lors des interminables « Nuits debout » de la Place de la République ces derniers mois… Lors desquelles des dizaines « d’activistes » se sont transformé en sois-disant photojournalistes, en s’assaeyant sur toute déontologie, avec pour seule ambition de « créer de l’image ». Mais ceci est une autre histoire…
Et si l’on poussait encore plus loin cette réflexion, quitte à un peu de provocation ? La couverture extravagante et quelque peu démesurée du terrorisme par les télés et les médias depuis 2 ou 3 ans (largement encouragée par les autorités d’ailleurs), ne contribuerait-elle pas (un peu quand même), à encourager certains paumés à « passer à l’acte »… Comme cela a été le cas à Nice et à Saint Etienne du Rouvray ?
Photos : Ruben Salvadori.
Photos : Ruben Salvadori.
C’est « Paliwood », connu depuis longtemps. Enfin un journaliste qui ose dénoncer ces pratiques.
Peut-être que la vidéo laisse moins de place à ce genre d’excès ? Je dis en pensant qu’il est plus difficile de scénariser/diriger des gens pendant plusieurs minutes que sur un simple cliché. Qu’en pensez-vous ?
Oui, peut-être… je ne sais pas.
Je ne suis pas certain que ça change grand chose en fait. Car il suffit de couper au montage lorsque l’on sent que ce n’est plus crédible.
Par contre le pouvoir de nuisance d’une vidéo est éventuellement largement pire (à cout terme), vu sa diffusion télé plus large…
Bonjour Jean-François, je lis votre blog depuis quelques années maintenant et je vous en remercie. Il est très intéressant. Pour revenir à votre article, il n’y a évidemment rien de surprenant, la presse est devenue spectacle, elle n’est plus explicative mais informative, dont le format s’adapte aux lecteurs des réseaux sociaux. Les ingrédients pour se démarquer sont: images chocs, textes hyperboliques. C’est de la surenchère en témoigne la piètre qualité des articles sur les attaques en France et les différentes manifestations. On ne va pas voir des gens qui manifestent mais des casseurs. C’est de l’information spectacle, et ça marche. Mais le pire reste à venir. C’est ce que j’appellerai de l' »information sociale ». Snapchat en est un bon exemple, l’application diffuse à ses utilisateurs un événement qui est en train de se dérouler, alimenté par ses utilisateurs mais qui n’est absolument pas vérifié. Ce qui peut entrainer de la peur. L’image ci-dessous en est une illustration.
En effet, ce genre « d’info-tainment », faut encore plus peur…
On pourrait même parler « d’info-musement » !