Surprise de Noël, voici un exercice inédit sur le web, dans la veine de ceux de mon bouquin « Travaux pratiques avec Photoshop Lightroom 2 » publié chez Dunod (qui vient d’être réimprimé). Joyeuse fêtes ! Lire aussi cet autre Tuto : contre-jour et temps gris, éclairer les ombres.
Jamais auparavant l’utilisation des fichiers RAW n’avaient été si intéressantes pour les photographes paysagistes. Grâce aux outils de retouches localisées de Lightroom 2, quelques clics suffisent à réveiller par zones, les lumières, les couleurs et les contrastes de vos paysages…
À l’heure ou je rédige ces lignes, seuls quatre logiciels sont en mesure d’effectuer des retouches localisées en format RAW (sans conversion préalable en TIFF) : Nikon Capture NX, Lightzone, Bibble et Lightroom 2 qui est certainement le plus ergonomique de tous. Lightroom 2 propose deux types de retouches localisées très efficaces : les Filtres gradués qui permettent d’appliquer facilement et rapidement des dégradés sur l’image et l’outil Pinceau qui permet d’ajuster des zones extrêmement précises… Ce dernier mobilisant d’importantes capacités de calcul, je vous recommande de commencer à utiliser les Filtres gradués (que nous allons voir ici), avant de tenter d’utiliser le pinceau.
- Mode : S (Priorité vitesse).
- Ouverture : f/11.
- Sensibilité : 200 ISO.
- Vitesse : 125e sec.
- Focale : 60 mm.
- EF 24-70 mm f/2.8 L USM
- Filtre polarisant.
- Canon EOS 5D.
Débarquement sur Snake Island dans l’archipel de Palawan Philippines (une vieille image de 2006, mais c’était bien quand même)
© Vibert / Actionreporter.com.
Préalablement à l’application de retouches localisées, il convient d’ajuster classiquement l’image à l’aide des outils standard : notamment la Balance des blancs, l’exposition, la Luminosité (et éventuellement les autres curseurs des réglages de base).
Je commence par manipuler le curseur Luminosité (1) pour déboucher les ombres (bien que ce curseur pilote en fait tout l’histogramme). Sur cette image je l’ai poussé au maximum à droite, ce qui a entraîné une sur exposition des hautes lumières (attention, c’est un cas particulier). J’ai ensuite du compenser celle-ci à l’aide du curseur Exposition (2) que j’ai poussé vers la gauche.
Je me suis ensuite intéressé aux tons moyens, grâce au couple de curseurs : Lumière d’appoint et Noirs (ce dernier afin de ne pas perdre trop de contraste). L’effet obtenu ressemble un peu à un « D-Lighting », attention à ne pas en abuser, au risque de faire perdre leur naturel à vos images.
L’onglet TSL (Teinte, Luminance, Saturation) permet ensuite d’ajuster certaines couleurs sans affecter les autres. Cela ressemble à une correction localisée (si les couleurs sont localisées) mais l’effet est évidemment global.
J’interviens ici sur les Jaunes et les Oranges, que j’éclaircis et sature très légèrement. Le but est de renforcer le contraste entre la couleur de plage et le vert turquoise de l’eau… Cet effet s’ajoute à celui du Filtre Gradué qui sera appliqué à l’étape suivante.
Afin d’éviter les ruptures de couleur au sein d’un dégradé, je prends soin de dessiner des formes sinusoïdales lorsque je manipule les curseurs de l’outil TSL. Soyez prudents, notamment en agissant sur les curseurs Luminance, car vous risquez (ici encore) de donner un aspect trop artificiel à vos images.
Un premier Filtre Gradué est utilisé pour intervenir au premier plan sur la plage… Appelez l’outil avec la touche m, ou en cliquant sur son icône. Puis cliquez glissez, pour créer un dégradé plus ou moins large…
Plus le dégradé sera large, plus l’effet sera progressif. Je vous invite à mémoriser quelques raccourcis claviers qui vous permettront d’accélérer votre prise en main des outils localisés (rappelons que la liste des raccourcis les plus usuels est rappelée dans le Menu Aide). Le raccourci k, permet d’appeler l’outil Pinceau et c’est le raccourci m, qui permet d’activer l’outil Filtre Gradué.
Une seconde pression sur k ou sur m, permet de sortir de l’outil activé (rapide et pratique : à retenir ! ). Pour ces deux outils, le raccourci h (comme hide) permet de masquer temporairement l’outil (flèche), afin de mieux visualiser l’effet du filtre.
Il sera possible de déplacer par la suite le centre du filtre gradué, en saisissant le point noir autour duquel le Filtre s’articule (1). Ici, j’ai surexposé volontairement le filtre pour mieux visualiser sa position.
Dans l’interface de l’outil Filtre gradué, commencez par afficher les curseurs d’effet à l’aide du bouton de droite (flèche). Je trouve cette configuration plus pratique en effet (d’ailleurs dans Lightroom 3, elle sera activée par défaut). Réglez vos curseurs approximativement (en commençant par Exposition et Luminosité) : il sera possible de revenir sur ces réglages.
Ajustez la largeur du filtre en saisissant l’un des deux axes externes (2). Modifiez son angle en agissant sur l’axe central (3). Quelle merveille lorsque l’on découvre ça pour la première fois : c’est bien plus rapide que d’utiliser des calques dans Photoshop… Avec les avantages du traitement non destructif en format RAW.
Comme on le fait globalement sur l’image grâce aux outils des « réglages de base », il est possible d’ajuster localement Exposition et Luminosité (ce qui permet de régler les valeurs et le contraste en une seule opération)…
Pousser le Curseur Exposition vers la droite permet d’éclaircir les hautes lumières. Il faut ensuite atténuer la Surexposition qui en résulte, avec le curseur Luminosité. Cette combinaison renforce le contraste du premier plan et le rend visuellement plus « présent ». Il n’est donc pas nécessaire d’agir sur le Curseur Contraste (je ne l’utilise quasiment jamais)…
Rien n’interdit d’augmenter ensuite légèrement la saturation, il est d’ailleurs bien dommage que le curseur Vibrance ne soit pas encore disponible dans les outils localisés de Lightroom 2 (car souvent Vibrance est plus intéressant que Saturation).
La netteté du premier plan peut être renforcée. Mais attention à ne pas aller trop loin, car une action excessive serait visible sur un tirage A4 ou de taile supérieure. La netteté locale s’ajoute en effet à la netteté globale, réglée dans l’onglet Détails.
L’ajout de Netteté doit être raisonnable, je ne l’utilise jamais au-delà de 60 ou 70% (n’oublions pas que la netteté doit être fonction de la taille finale d’impression). Il est nécessaire de zoomer à 100% pour vérifier l’intensité de l’effet (dans Lightroom 3 ce ne sera plus nécessaire heureusement). L’outil Clarté est également disponible et particulièrement diabolique pour renforcer la « présence » du premier plan.
A noter que vous pouvez utiliser le Panneau Historique (à gauche du Module Développement) pour visualiser les changements. Il conserve effectivement l’intégralité des modifications réalisées sur l’image depuis le début, l’historique est même conservé indéfiniment, (même après avoir quitté et relancé l’application). Toutefois, dans mon livre j’explique pourquoi je préfère (de loin) utiliser une copie virtuelle (ou plusieurs) pour évaluer certaines (ou l’ensemble) des modifications apportées à l’image.
Opération délicate, il est possible d’ajouter un soupçon de couleur au Filtre Gradué afin d’augmenter le contraste d’une zone par rapport à une autre. Je réchauffe ici imperceptiblement la couleur du sable…
Les peintres savent depuis des siècles que les couleurs chaudes et saturées paraissent plus « proche » visuellement, que les couleurs froides et moins saturées qui semblent situées au delà de l’horizon. Une technique utilisée par la plupart des Impressionnistes et que l’on apprend toujours dans les cours de peinture…
J’applique parfois une très légère dominante orange au premier plan de mes photos. C’est souvent imperceptible (ici 5 % à 15 % de saturation seulement), mais cela contribue à simuler la « perspective atmosphérique »…
J’ai créé ici un second Filtre gradué très large (donc très progressif) sur la partie gauche de l’image (1). Le but est d’appliquer un peu de couleur turquoise à l’eau, afin de renforcer encore son « effet Lagon ».
L’ajustement des curseurs de ce second Filtre gradué est évidemment bien différent de celui du Filtre appliqué précédemment à droite de l’image, j’évite notamment de renforcer la Clarté…
Il est possible de récupérer à tout moment une couleur sur l’image grâce à la pipette. Réalisez un « glissé déposé » du petit carré de la palette des couleurs (2), vers la zone de l’image dont vous souhaitez récupérer la couleur (en l’occurrence l’eau verte à gauche)… Augmentez la saturation de cette couleur afin de renforcer son effet dans le dégradé.
Sans alourdir exagérément l’image, un troisième Filtre gradué permet de renforcer la saturation et la densité du ciel. Pour les besoins de la démonstration, j’ai ici exagérément foncé ce dégradé afin de rendre son effet beaucoup plus visible.
Astuce à retenir : appuyez sur la touche Maj en même temps que vous appliquez (cliqué-glissé) le filtre de haut en bas. Cela permet de conserver une horizontalité parfaite et de gagner quelques secondes…
Ajoutez un peu de couleur bleu (Cyan) et poussez le curseur Luminosité vers la gauche afin de foncer les tons sombres. Dans le même temps poussez vers la droite le curseur Exposition, ce qui éclairera les petits nuages. L’effet se rapproche d’un filtre polarisant (sans le remplacer). Inutile d’augmenter la netteté dans le ciel, au risque de faire monter le bruit numérique. Au contraire parfois je la diminue…
Une fois les ajustements terminés, j’ai l’habitude de reconstruire l’Aperçu 1:1, en repassant par le Menu Bibliothèque du Module Bibliothèque. Cet Aperçu 1:1 me permet de mieux apprécier l’accentuation, même à l’affichage à 50% (inutile dans LR3)…
Je procède notamment ainsi sur des groupe de 5 à 10 images que je viens de travailler ensemble (sans sortir du Module Développement en passant des unes aux autres par le Film Fixe). Il est un peu dommage que ce Menu Bibliothèque ne soit pas accessible depuis le Module Développement (après avoir sélectionné les images dans le Film Fixe par exemple), mais ce choix a du être fait pour éviter de surcharger l’interface de ce Module, déjà relativement dense.
Remarque en passant : certains utilisateurs reprochent à Lightroom d’être compliqué et peinent à « rentrer » dans le logiciel. Peut-être, mais il faut rester conscient que jamais auparavant, un logiciel photo n’avait réuni autant de fonctions en une interface unique : car Lightroom c’est 5 logiciels en 1… Il faut donc prendre son temps et l’aborder progressivement : Modules par Modules, au fil des mois…
Je trouve en tous cas l’organisation de ces innombrables fonctions très rationnelle : cinq Modules et à chaque fois des Panneaux latéraux et des Onglets, qui fonctionnent toujours avec la même logique implacable et de très nombreux raccourcis claviers. La force de Lightroom réside aussi dans les innombrables « Paramètres Prédéfinis », que l’on peut régler un peu partout pour accélérer les tâches répétitives (nous n’en avons pas parlé dans cet exercice, mais les filtres gradués possèdent aussi leurs « Paramètres Prédéfinis »)…
Excellent ! J’avais commencé à bricoler avec cet outil, mais là tu viens de m’ouvrir les yeux.
Démonstration limpide. Du coup je viens de commander le bouquin (je dois pas être le seul car il n’y en a plus que 5 sur Amazon).
… et plus que 4 maintenant ! Tes bouquins partent à vue d’oeil ;-)
Dis moi, t’aurais un pas un projet de guide pratique sur la partie Bibliothèque (que tu connais mieux que personne je sais)… Car là il existe un gros manque.
Moi en fait ce qui m’épate le plus avec Lightroom, c’est … qu’il y ait encore des gens qui ne l’utilise pas !?!!! :o)
Et quand tu fait une démo direct live de ce genre avec des stagiaires novices dans LR2, tu entends des « Ohhhh », puis des « Ahhhhhhh, et quand tu as fini, des « ha la vache, quand même ! ». ça c’est génial… car, oui, Lightroom sait faire tout ça en deux coups de cuillère à pot !
oui tu l’a dis kiki ! Depuis que j’ai découvert lightroom, je ne touche presque plus à Photoshop.
Lightroom est effectivement interressant mais le meilleur outil est celui que l’on maîtrise vraiment… donc dans ceux cités en intro les autres logiciels sont aussi très efficace :-)
Sympa ce tuto … qui me reconforte dans mon utilisation de lightroom.
Jean-Mi, oui absolument, mais personne ne dit le contraire d’ailleurs !
Très intéressant et très pratique ce tuto.
Petites questions :
– en photo paysage tu utilise toujours un polarisant ? Ce n’est pas un double emploi avec les filtres gradués de LR ?
– si j’ai bien compris tu n’utilises pas le contrast mais tu le remplaces par exposition et luminosité ? As tu une règle pour le mélange des deux, parce qu’une fois tu mets la luminosité à gauche et l’expo à droite et dans un autre filtre tu fais l’inverse
Hello tout le monde.
Pour répondre à chrisb : le filtre polarisant ne doit pas être un reflex automatique… Sinon, toutes les images se ressemblent ! Mais effectivement je l’utilise beaucoup en voyage.
Impossible de le remplacer par un traitement sur LR ni même photoshop ! Son effet est très particulier et totalement inimitable par un filtre (un coup de filtre peut ressembler de loin, mais en aucun cas remplacer).
Il suffit de faire l’expérience avec un paysage en plein soleil avec du ciel bleu et de la verdure (photographié avec le soleil de côté)… Fais une image avec et sans polarisant. Puis essaye de transformer l’image « sans » dans Lightroom pour qu’elle ressemble à l’image « avec »… et tu verras !
Concernant le contraste : il n’y a aucune règle ! Juste l’oeil et un écran bien calibré… Oui, Expo à gauche combiné à Luminosité à droite enlève du contraste sur la globalité de l’image. Voilà pourquoi par endroit j’en rajoute localement avec la manoeuvre inverse sur un filtre gradué…
Mais attention : ce traitement n’est pas adapaté à toutes les images ! Ce sera au cas par cas… Il arrive que je renforce le contraste de certaines images.
Par ailleurs la perte de contraste occasionnée par ces deux premiers curseurs est souvent compensée par l’utilisation du curseur noir (entre 5 et 10, rarement plus), parfois combiné à lumière d’appoint.
je rebondis sur la remarque de Jean-Mi : il n’en reste pas moins que certains outils sont plus ou moins ergonomiques et plus ou moins rapide à utiliser !
Je me suis donné beaucoup de mal pendant des années avec Nikon Capture NX. ET du jour ou je suis passé à LR, je n’ai pas eu du tout envie de revenir en arrière. Le rendu entre les deux est légèrement différent, mais pour des images normale (ne nécessitant pas de déboucher exagérément les ombres) et bien cela ne fait aucune différence. DOnc cela ne vaut pas le coup de s’embêter avec un outil moins ergonomique.
Je ne garde Nikon Capture NX que pour les images les plus sous exposées ou Lightroom est un peu moins bon (mais il semblerait qu’avec la V3, cela soit moins vrai).
Quand à savoir si je vais acheter le prochain Nikon Capture NX3… et bien rien n’est moins certain !
« Il suffit de faire l’expérience avec un paysage en plein soleil avec du ciel bleu et de la verdure (photographié avec le soleil de côté)… Fais une image avec et sans polarisant. Puis essaye de transformer l’image « sans » dans Lightroom pour qu’elle ressemble à l’image « avec »… et tu verras ! »
j’allais le dire ! Merci pour ça JF !
ben oui… tu parles, j’ai essayé souvent ! Notamment lorsqu’il fallait faire « claquer » des scan un peu ternes, pour placer dans le catalogue de l’UCPA ;-) Mais t’as beau t’exciter avec du bleu foncé dans le ciel et de calques en mode « Produit », rien ne vaut un bon vieux polarisant pour faire une image de voyage !
Que la moitié du filtre est polarisé ?
Ou le filtre complet ?
Bonjour.
Merci pour ce tuto qui me conforte dans l’idée de faire l’acquisition de LR.
Ça reste très cher pour moi mais bon, quand on aime on ne compte pas… Heu b’en si un peu quand-même. LOL !
J’ai à cet instant l’impression d’avoir fait un exploit de m’en être passée jusqu’à ce jour.
Donc merci de m’aider à prendre ma décision.
Petite question au sujet des filtres gradués, comment faire si un élément du décor se superpose sur le ciel (clocher d’une église par exemple); est-il possible de masquer certaines zones pour qu’elles ne soient pas couvertes par le filtre ?