Vingt ans ont passé et le standard EF (pour Electro Focus) n’a pas pris une ride. Il est toujours utilisé sur les Canon EOS numériques (plus d’infos ici, ici, ici et là). Cela valait le coup d’une petite rétrospective historique, voici donc l’histoire de Canon résumée en quelques dates…
S’inspirant des appareils télémétriques Allemands références de l’époque, un premier prototype d’appareil est construit en 1934 à Tokyo sous la direction de Goro Yoshida (1900 – 1993, portrait ci-dessous à gauche). Il est nommé « Kwanon » du nom d’une déesse bouddhiste de la charité « Guan Yin » (photo ci dessous à gauche). En 1935 la future entreprise Canon demande à la « Nippon Kogaku» (Optique Japonaise S.A. qui deviendra Nikon) de fabriquer des objectifs pour son premier « Hansa Canon » (Modèle Standard). Voilà une intéressante confrontation historique !
En 1937, (l’année de naissance officielle de la firme Canon) le but des ingénieurs japonais est de rivaliser avec les productions allemandes, pour un prix très inférieur. En 1940 la société met au point le premier appareil à Rayons X Japonais, et contribue ainsi indirectement à la lutte contre la tuberculose dans le pays.
La production d’appareils photo s’arrête durant la guerre et ne reprend qu’en 1946. Un an plus tard, la société Laboratoire d’instruments et de précision optique, est renommée Canon Camera Co, Inc. Ses premiers clients seront les troupes d’occupation américaines (plus riches que les habitants de ce pays ruiné), ce qui contribuera à faire connaître la marque aux USA au cours des décénies suivantes.
Le developpement des appareils télémétriques se poursuit durant les années d’après guerre, les différents constructeurs Japonais améliorant leurs modèles tous sur la base héritée des Leica… A la notable exception de Asahi qui partira sur des bases complètement neuves et inventera le concept du reflex moderne entre 1951 et 1954 avec ses Asahiflex qui deviendront les Pentax (pentaprisme + flex)… Pentax est donc l’inventeur du reflex tel qu’on le connaît (ce n’est ni Canon, ni Nikon contrairement à ce que beaucoup imaginent).
En 1956 Canon produit la première camera 8 mm à objectif zoom (photo de droite). Au cours des années suivantes Canon deviendra le premier fabricant Japonais d’appareils photo grand public, laissant Nikon dominer le haut de gamme et le marché professionnel.
En mai 1959 sort le Canonflex et ses optiques R qui est le premier reflex 35 mm de Canon (photo de gauche et droite ci-dessous). Son alter ego le Nikon F sort en juin de la même année… Cette nouvelle génération d’appareils aura le succès que l’on sait. C’est à l’occasion de la guerre de Corée que des reporters découvrent les optiques et boîtiers Japonais dont la réputation de solidité est légendaire. De plus, leurs optiques rivalisent avec les meilleurs productions Allemandes.
Les systèmes reflex vont définitivement changer la donne. Dès cette époque, les industriels Japonais vont révolutionner la photographie. Leitz le fabricant des fameux Leica qui équipaient jusqu’alors la plupart des professionnels ne produira pas de reflex avant 1964 et pour cette raison ne reviendra jamais dans la compétition.
Dans les années 60 et 70, Canon diversifie son activité au-delà de la photographie et devient Canon Inc. en 1969. Plusieurs appareils marquent cette période : les télémétriques de la série S et leur gamme optique (dont un 50mm ouvrant à f/0.95), le système reflex Canon F1 de 1971 (photo ci-dessous) …
Mais c’est surtout le Canon AE-1 (photo de droite) qui démocratise la photo en proposant la « Priorité ouverture » en 1976. L’exposition étant réglée, les amateurs accèdent à la photo presque aussi facilement que les professionnels. Une campagne de publicité géante est lancée, y compris à la TV ce qui est une première dans l’histoire de la photo.
En 1982, Canon produit le premier photocopieur personnel et poursuit une fructueuse diversification dans la bureautique, rivalisant avec IBM dans les machines à traitement de texte, distribuant les premiers Macintosh au Japon… Par la suite Canon investira dans Next (16% du capital), la firme crée par Steve Jobs (photo de gauche) après avoir été mis à la porte d’Apple et bénificiera du droit de distribution exclusif sur l’Asie. Malheureusement l’aventure de Next Computers tournera court (pas complètement, puisque Apple rachète Next en 1997 et que notre système d’exploitation est un descendant de l’Unix developpé pour ces machines).
En 1985 Canon perd sa position de leader de la photo : le T-80 (photo de droite) son premier autofocus est un échec. Ses performances sont inférieures à celles du Minolta Dynax 7000 (photo de gauche) lancé la même année (dont l’héritier est le Sony Alpha), ainsi qu’à celle du Nikon F-501. Il est temps de changer de stratégie, avec en ligne de mire les JO de 1987 et le cinquantenaire de la marque…
En 1986 est présenté le RC-701, premier appareil photo video du marché, ce n’est pas encore du numérique… Mais ça commence à vouloir y ressembler !
Deux années sont nécessaires à la création du système EOS (Electro Optical System) qui s’appuie sur une nouvelle monture : les optiques EF (Electro Focus) animées par les moteurs circulaires USM (Ultrasonic Motor). Canon a visiblement travaillé sur le long terme…
Ces objectifs possèdent le plus grand diamètre (54 mm) de tous les reflex, ce qui permet aux opticiens de Canon de créer le EF50 mm f/1.0L USM en 1989. Un beau caillou pesant son petit kilo, et possédant une ouverture exceptionnelle de f/1.0.
L’EOS 650 (photo ci-dessus à droite), premier d’une longue dynastie est présenté en mars 1987 et progressivement plébiscité par les utilisateurs.
En 1989, l’EOS 1 professionnel inaugure un bio design novateur, rompant avec les formes très anguleuses à la mode durant les années 80 (photo ci-contre à droite), ainsi qu’une remise à plat complète de l’ergonomie des reflex. Toutes les bases du système Canon EOS actuel sont dès lors établies et peu de choses changeront au cours des vingt années suivantes, (du moins en ce qui concerne la logique ergonomique)… Face à cet EOS 1 révolutionnaire autant par son apparence que par ses performances, le Nikon F4 commercialisé de 1988 à 1996 paraît quelque peu dépassé, il faudra attendre le F5 en 1996 pour que Nikon reprenne l’initiative.
Grâce a ses jetables, Fuji devient en 1992 le premier fabricant mondial d’appareils photo. La photo ne représentent d’ailleurs plus que 20% des activités de Canon tant la diversification aura été profitable (un chiffre qui continuera à décliner au fur et à mesure que les nouvelles activités de Canon prospèreront), alors que la photo représente à cette époque plus de 40% de l’activité de Nikon ou de Minolta.
C’est en 1995 que le premier reflex numérique Canon est réalisé avec Kodak. L’EOS DCS3 (à gauche) ne délivre que 1,3 megapixels et coûte près de 2 millions de Yens (près de 17.200 €)… Auparavant les Kodak DCS étaient réalisés en partenaria avec Nikon, qui du coup se tourne vers Fuji.
Rendez-vous compte du chemin qui a été parcouru jusqu’aux 10 megapixels d’aujourd’hui, que l’on peut acquérir dès 600 € environ !
Durant ces premières années, c’est étrangement le néant (ou presque) du côté des autres fabricants de reflex, ce qui explique l’avance relative dont disposent Canon et Nikon aujourd’hui. A l’exception notable de Minolta, qui présente en 1995 le tout premier vrai reflex numérique : le RD-175 de 1,75 megapixels, compatible avec les optiques A mais dont la technologie était sans avenir…
En 1999 Minolta propose un étonnant reflex APS numérique, le RD3000 (reprenant les optiques des reflex APS Vectis) qui restera lui aussi sans descendance, mais qui aurait pu déboucher sur quelque chose d’intéressant…
Le premier reflex Canon numérique accessible est l’EOS D30, présenté en mai 2000 à un prix qui semble pour la première fois accessible aux indépendants. Pour environ 3700 €, il est équipé d’un capteur de 3,25 megapixel, autorise l’enregistrement en JPEG ou en RAW (non simultanément). Comme tous les EOS, il est compatible avec les optiques EF produites depuis 1987 à ceci près que leurs focales subissent une correction de x1.6. Situation qui perdurera jusqu’à la sortie de l’EOS 5D en 2005. Il connaitra une belle descendance jusqu’à l’EOS 30D actuel (ne pas les confondre) et probablement l’EOS 40D attendu pour fin 2007.
Présenté en décembre 2001, le modèle professionnel EOS 1D (4,15 megapixel photo de droite) ), achève de convaincre les reporters Canonistes de basculer en numérique. Il était temps, car pour les Nikoniste c’était chose faite depuis le Nikon D1 (photo de gauche) de juin 99 et surtout le Nikon D1X (5,3 megapixel) de février 2001 (Nikon ayant anticipé plus tôt la course au reflex numérique professionnel, sans parler des Fuji S Pro)…
Dans la foulée de l’EOS D30, l’EOS D60 puis ses descendants les 10D, 20D, 30D et 40D conservent la même ergonomie qui est améliorée par petites touches, tout particulièrement la logique des menus efficaces et agréables (qui finalement prendront le pas sur l’ergonomie infernale mis au point pour la gamme pro et qui survivra jusqu’en 2007). C’est aussi le cas des EOS 300D, 350D et 400D, gamme de reflex plus compacts et accessibles. Le capteur CMOS fabriqué par Canon explique en partie le succès de tous ces appareils : moins coûteux à fabriquer qu’un CCD, il génère peu de bruit numérique et reste économe.
En 2007, nous mesurons chaque jour les bénéfices des évolutions des EOS numériques depuis plus de 10 ans… Et l’on peut imaginer la surprise qui saisirait monsieur Yoshida s’il était possible de lui expédier un EOS 400D, dans le Tokyo de 1934 !
Voilà, j’ai essayé de faire au plus court… Cet article ne constitue qu’une tentative modeste de résumé, ne prenant en compte que quelques étapes qui me semblent les plus marquantes de l’histoire de l’entreprise. Les spécialistes y trouveront certainement à redire, vos remarques sont bienvenues en commentaires pour apporter précisions et corrections ! Pour en savoir plus, vous retrouverez en anglais l’histoire complète de Canon sur plusieurs sites, notamment ceux-ci :
- Canon.com/camera-museum
- Canon.com/camera-museum/camera/digital
- Wikipedia.org/wiki/Canon
- http://www.mir.com
- http://eosseries.ifrance.com/musee
Lire aussi à propos de Canon :
- Comparatif Nikon D7000 versus Canon EOS 60D.
- Test terrain : Un mois au Laos avec le Canon EOS 550D.
- Test terrain : Canon EOS 450D à l’épreuve des volcans.
- Test terrain : Un mois au Cambodge avec le Canon EOS 7D.
- Évaluation et prise en main du Canon EOS 7D.
- Test terrain : Canon EOS 50D, test extrême au Canada.
- Comparatif : Canon EOS 40D versus Nikon D300 (version longue).
- Essais du Voigtländer Ultron 40 mm f/2 SL II Asphérique.
- Prise en main (vidéo), d’un Kit Zacuto pour reflex vidéo.
- Canon S90 et viseur externe, l’astuce qui tue !
- Deux petits accessoires utiles pour le Canon S90.
- Test terrain : Canon G10 au Costa Rica (en attendant le G11).
- Canon EOS 5D Mk2 : moins de bruit, plus de possibilités.
- Canon EOS 5D Mk2, batteries… et coup de gueule.
- Comparatif des reflex Full frame : Canon EOS 5D Mk2.
- Comparatif des reflex Full frame : Canon EOS 5D.
- Fonctions personnalisées des Canon EOS 450D et des EOS 1000D.
- Les Canon EOS ont 20 ans : retour sur l’histoire de Canon.
J’ai commencé à m’intéresser à la photo quand j’avais 7 ans, avec l’AE1 de mon Papa.
Salut Renaud ! En effet ! On a tous connu quelqu’un qui avait un Canon AE1… On peut considèrer ce boîtier comme la Ford T du reflex grand public !
Très intéressant ! Bravo…
Bien résumé !
Mon père l’a toujours, et je crois qu’il fonctionne encore, mais que ça doit faire des années qu’il n’a pas été nourri avec une péloche.
Très intéressant.
Idée : que pensez-vous de revenir souvent sur ce billet pour le mettre à jour et en faire un article « complet ». Personnellement ça m’intéresserait beaucoup. Autre avantage : MACANDPHOTO deviendrait ainsi une sorte de référence en langue française sur le sujet et… lui amènerait donc pas mal de visiteurs. Voilà, c’est juste au cas où ça fait tilt.
… oui c’est une idée !
Je viens d’acquérir pas trop cher pour compléter ma collection un magnifique Canon New F-1. Quelle belle machine ! Moi qui avais toujours snobé la marque au profit de Nikon, je reviens un peu sur mon à priori…
Bel historique.
Petit rectificatif, le Canon AE1 était à priorité au diaphragme, c’est l’obturateur qui modulait l’exposition.
Je connais bien car, des le début des années 70, j’ai eu deux Konica Autoreflex T qui, eux, avaient une priorité à la vitesse. Le dernier fonctionne encore…
Jean-Luc
Interessant ! je suis toujours surpris par la diversite des sujets que tu traites.
C’est toujours une bonne surprise. Merci !
Beau taff, jeff. T’as fini ton bouquin ?
j’ai ressorti l’ AE-1 de mes parents de son etui en cuir… dommage il ne marche plus, le déclencheur est ko.
J’avais fait mes premières photos de snowboard en 92 avec. Waaa 92 pff j’ai un pris un coup là… aller hop retour au placard!
L’ étui de transport en cuir avec la partie basse détachable qui reste sur le boitier ça fait bien kitch aujourd’hui mais ca protégeais bien le boitier tout de même… :o)
20 ans dEOS, retour sur lhistoire de Canon
A loccasion des 20 ans de la marque, MACANDPHOTO revient sur lhistorique de la marque et les grandes dates qui ont marqué son histoire.
Liens :
Les Canon EOS ont 20 ans : retour sur lhistoire de Canon
Canon Camera Story
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rectificatif du rectificatif:
le AE-1 était bien à priorité à la VITESSE : la bague du diaphragme restait verrouillée en position « A » et on sélectionnait la vitesse au barillet…