Le site ourageis13.com, attire notre attention sur une intéressante polémique… Peut-on tout se permettre, pour faire « un sujet photo vendeur » ? En l’occurrence, montrer une ville selon un point de vue très spectaculaire, mais peu représentatif. Au risque de déformer la réalité ?
« Le 12 février, le World Press Photo – institution internationale du photojournalisme – récompense le travail de Giovanni Troilo sur la ville de Charleroi, en Belgique, dans la catégorie « problématiques contemporaines » ( « The Dark Heart of Europe »). Accusé de mise en scène et de désinformation, le sujet intitulé « The Dark Heart of Europe » (le cœur noir de l’Europe) a profondément blessé les habitants de la ville belge, provoquant une réaction officielle de la municipalité. » Lire la suite ici… Voici la lettre envoyée par le maire de Charleroi au jury du World Press :
«Madame la présidente du jury, monsieur le directeur, je ne suis certainement un expert de la photographie. Mais je sais qu’en journalisme, tout comme en photographie, le choix de donner un axe à son sujet est nécessaire et habituel.
Néanmoins, de cacher certaines perspectives avec de l’information non vérifiée et déformée, de tordre la réalité en faisant de la mise en scène, c’est tout sauf du photojournalisme. Du moins, ce n’est pas le photojournalisme de qualité que vous avez l’habitude de récompenser.
“ Le World Press Photo s’engage dans le soutien et l’évolution du photojournalisme et de la photographie documentaire à l’international ” [leitmotiv du WPP, ndlr]. Nous sommes aussi engagé dans cette mission.
Et c’est pour cette raison que nous vous demandons de retirer le prix qui a été accordé à Mr Troilo à la lumière de notre argumentation et nos explications.»
La suite sur www.ourageis13.com : « Lors de l’annonce du World Press, le photographe Thomas Vanden Driessche, photographe belge, avait exprimé son mécontentement sur les réseaux sociaux. Pour lui, le sujet de Giovanni Troilo transforme la réalité de la ville belge. Contacté par la rédaction, il exprime son malaise en ces termes :
«L’utilisation de la mise en scène, l’éclairage artificiel mais surtout le caractère falsifié et mensonger des légendes participe à la construction de cette fiction prenant les apparences d’un reportage. Cela ne me causerait aucun souci si cet ensemble était le résultat d’une œuvre artistique très personnelle. Mais le photographe ne présente pas son travail comme tel. Au contraire, il donne manifestement une réelle dimension journalistique/documentaire à son approche. Le simple fait que cette série a été soumise au World Press Photo et surtout le fait qu’elle ait été primée lui confère une crédibilité journalistique.»