Parfois, me prend l’envie de redévelopper mes vieilles photos en noir et blanc. Comme cette image de 2008, du Kawah Ijen à Java. J’ai ma méthode perso pour le noir et blanc avec Lightroom (que je partage en formation)…
Si je suis bien concentré ça ne me prend que 5 à 10 minutes pour un développement qui claque. Reste que le noir et blanc, c’est presque trop facile… Surtout pas de filtres ni de plug-in gadgets ! Juste l’oeil et une bonne connaissance des outils de Lightroom… Qu’en pensez-vous ? cette image est-elle mieux en couleur ? Ou en noir et blanc ? Pour ceux qui désirent participer à une petite formation Lightroom noir et blanc, réservez bien en avance : les prochaines dispo seront fin Mars (pas de place avant). Ensuite, lorsque vous maitriserez le noir et blanc, la prochaine question cruciale : mate ou brillant ?
Moi qui adore le noir et blanc, je préfère la photo en couleur :)
tout simplement car dans cette photo en noir et blanc, je trouve que la patchwork de nuance de gris, dans la zone entourant ces deux personnes, gène la distinction entre ce qui se trouve sur le flanc du volcan, ce qui se trouve dans les paniers, et les minéraux de souffres (si c’est bien de ça dont il s’agit).
Ce n’est là que mon opinion d’amateur mais, pour moi, les deux traitements se valent mais dégage une impression différente.
Pour la version couleur, je remarque surtout la fumée, le bleuté du lac et l’ambiance « chaude journée ensoleillée ». Les travailleurs sur le sentier y jouent le rôle de personnages secondaires. Je vois cette photo d’abord et avant tout comme un paysage rehaussé par la présence humaine, qui lui ajoute une profondeur supplémentaire par rapport à ce que serait la même photo sans cette présence.
Dans la version N&B, mon attention se porte plutôt immédiatement sur les porteurs et le sentier (si l’on peut bien parler de sentier ici!). La fumée et le lac servant ici de toile de fond intéressante. Je la voie donc plus comme une photo de type « humaniste » plutôt qu’ un paysage. Alors que la première question qui me vient à l’esprit dans la version couleur est « où est-ce? », c’est plutôt « qui sont ces gens et que font ils ? » pour la N&B.
Bref, je ne trouve pas que l’une est mieux que l’autre. Tout dépend du sens que tu veux leur donner…
Merci pour votre avis à tous les deux ! C’est intéressant…
J’avais poser moi-même la question sur mon propre site portant sur la même réflexion.
Pour ton dilemme, le noir & blanc amène en général une certaine neutralité dans la prise de parti vis-à-vis du sujet, un certain recul. Si il peut se dégagé un peu de nostalgie ou favoriser un aspect austère, le noir & blanc, lorsqu’il est choisi avant la prise de vue se révèle purement graphique pour ma part. Pour moi je préfère la version couleur. Elle n’est pas meilleure que la noir & blanc, mais je me perd plus facilement dedans, cherchant des détails ; alors que la version noir & blanc, le sens de lecture est « imposé » pour la géométrie des masses claires et obscures.
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J’ai toujours été intrigué par l’engouement du noir et blanc. Pourquoi se priver de couleurs? Alors même que la vie qui se déroule sous nos yeux est une explosions de nuances, de contraires ou de complémentarité jouant avec la lumière.
Privilégiant la couleur depuis mes débuts en photographie, je m’essaie donc actuellement au noir et blanc. J’essaie de savoir en quoi cette pratique est plus graphique que le polychrome. Finalement cette dualité graphique pourrait être moins « évidente », moins « facile » avec de la couleur ; obligeant à regarder.. à chercher, à se perdre…
Avec le Noir et Blanc, le lecteur serait privé de sacrées informations. Dans quelle mesure le noir et blanc est-il justifié si il « facilite la lecture »… N’est-il pas lui-même le sujet de la photographie? Puisqu’il s’agirait d’assemblage graphique de contraste?
Au Japon ou en Chine par exemple, le travail des ombre se fait dans une approche très épurée ou puriste, et éliminant toutes nuances intermédiaires parasites pour capturer l’essentiel, une silhouette au pire, au mieux un motif. Il y a une recherche de paix et de méditation dans le fait de peindre ou photographier.
Chez nous cette méditation n’est-elle pas présente dans l’étape finale plutôt?
Alors est-ce aussi une affaire culturelle? Plus qu’artistique… ? Est-ce que le créateur est-il trop influencé par sa propre culture? C’est un peu café Philo, je sais, mais après avoir discuté avec un peintre au japon qui cherche les ombres plutôt que la lumière, et le monochrome plutôt que la couleur, j’aimerais aussi en savoir plus sur le noir & blanc.
Réflexion intéressante… Je serais aussi curieux de lire l,avis des autres à ce sujet.
De mon côté, je répondrais qu’il y a tout simplement des scènes qui appellent naturellement le N&B, et ce dès la prise de vue. Parfois, les couleurs sont simplement absentes ou peu intéressantes. La question posée, « Pourquoi se priver de couleurs », devient alors plutôt « Pourquoi vouloir une couleur absente ? ». Bon, la photo de Jean-François n’est certainement pas la meilleure pour illustrer l’absence de couleurs. Je me permet donc de présenter l’un des miennes d’un paysage pris lors d’une grise journée automnale. La seule couleur présente, et pas très intéressante, était le jaune-brun délavé des arbres en avant plan. Le reste étant déjà pratiquement monochromatique. En couleur, cette photo est plutôt ennuyeuse alors que le N&B lui donne vie. Le traitement N&B permettant ici de façonner les contrastes et l’aspect graphiques à un niveau impossible à atteindre en couleur sans subir d’importante dérive chromatique (ici, le classique filtre rouge).
Bon, ce n’est qu’un exemple, mais il y a plein d’autres moments comme ça. Par exemple, les paysages d’hiver vont, à l’évidence, souvent très bien se prêter à un traitement N&B. Ce qu’ils sont déjà presque par nature…
Moi je préfère largement la version couleur, et ce pour plusieurs raisons « simples ».
L’élément principal dans cet environnement et le mineur et son soufre jaune. En NB, en ne voit tout simplement qui c’est et ce qu’il transporte pour le peu que l’on ne connaisse pas ces mines d’indonésie.
Ensuite, les détails des montagnes sont trop importants pour du NB ce qui fait que l’image est assez confuse et au final inintéressante et une peu plate…
Pour moi, le NB doit être « crémeux » pas nécessairement avec beaucoup de détails en niveau de l’environnement mais avec un sujet vraiment percutant, un unique élément qui doit « percer » l’image, enfin je sais pas trop comment expliquer en faite, mais en gros là il y a beaucoup trop de petits détails et la version couleur donne toute son importance à cette image, la version NB enlève justement l’intérêt de cette image et la rend « illisible ».
Merci
Que cherches-tu à montrer ?
Pour ma part, je découvre grâce à l’image couleur qu’il s’agit de l’extraction du souffre dans le cratère d’un volcan. C’est cette teinte jaune typique qui m’a interpelé. Mon regard part ensuite sur le panache de fumée, que j’interprète alors comme étant des fumeroles toxiques liées à l’activité volcanique. Enfin, je réalise au fond de l’image ce grand « lac » qui, par déduction, n’est pas moins que les eaux gorgées d’acide sulfurique emprisonnées dans le cratère. Là encore, la couleur verte de l’eau est typique de la présence d’acide sulfurique. La photographie couleur raconte ainsi l’histoire de ses travailleurs qui flirtent avec le danger pour extraire ce matériaux somme tout assez banal. L’image nous transmet une certaine émotion.
Sans la couleur je m’aurais sans doute pas décrypté la scène. Peut-être y aurais-je simplement vu des autochtones en très hautes montage, un peu de brouillard, un lac de montagne… C’est encore plus vrai dans la dernière photo N&B, pour laquelle je n’aurais carrément pas du tout compris la scène telle qu’elle est en réalité.
Si tu cherches à montrer l’extraction du souffre dans un contexte volcanique totalement ahurissant, je pense que la couleur est incontournable. Je serais même curieux de voir ce que donnerait l’image en accentuant les jaunes et verts. En revanche, si tu cherches à monter autre chose, le n&b se résume alors à une question de goût finalement. C’est en tous cas mon avis.
L’intention première était le souffre bien entendu… C’est pour ça que depuis 2008 je n’avais pas eu envie de la faire en Noir et blanc.
Mais pour un second regarde, il fallait tenter la chose aussi. Car il y a suffisamment de contraste sur l’image original pour en sortir un N&B intéressant.
Ma préférée reste la couleur aussi : car elles sont rares ces couleurs…
La photo en couleur fait plus documentaire, analytique, presque froide malgré les couleurs je trouve. Celle en noir et blanc me procure plus d’émotions. Sinon, j’adore la composition ! a+
Merci !
Couleur également, car elle fait partie de ce qui incite le regard à chercher. J’aime le N&B quand la couleur retire de la puissance à la scène. Mais j’avoue que mes « bonnes photos », je les tire en N&B et couleurs.
Sans vouloir faire de contre pub pour tes formations, j’utilise toujours Silver EFX Pro après passage dans LR, ça reste ma référence en matière de plug N&B dans Photoshop. Rapide, avec des points clés et super résultats.
La photo n/b est très belle, une réelle expression artistique du photographe … mais la version couleur réveille tous mes sens. Je retrouve instantanément les sensations ressenties lors de mon passage au Kawa Ijen, le côté vertigineux et impressionnant du cratère et ce contraste du soufre lumineux dans l’environnement gris et enfumé. Je sens presque l’odeur du soufre … pour moi toute l’émotion que j’aime ressentir dans la photographie .
Merci beaucoup pour la richesse des informations que vous partagez sur ce site.
Faire une photo est déjà une interprétation de la réalité. Le post-traitement est encore une interprétation qui se surajoute à l’initiale… En ayant la possibilité de multiplier ces niveaux de lecture, le photographe peut être un créateur en plus d’être un observateur du monde. Il n’y a pas de raison de s’en priver.
Ta photo couleur se situe du côté (puisque dans tous les cas il y a interprétation de la réalité) du documentaire, la N/B du côté de ton imaginaire. Voilà deux lectures différentes à partir d’un même moment de déclenchement et d’un même cliché.
Mais tu sais qu’à partir de ce même fichier initial tu pourrais multiplier les lectures et produire une multitude de tirages différents, de tailles différentes, d’éclairages différents… et à chaque fois un autre effet !
Très juste ! Merci Guy…