Voila quelques temps, Déclic Photo publiait mon test terrain complet du Canon EOS 60D… (à ne pas louper également, les tests terrains des Canon EOS 550D et Canon EOS 7D). Pour les plus passionnés, voici une version longue en 3 épisodes :
Et que les Nikonistes se rassurent ! Un test terrain du Nikon D7000 est programmé…
… partie 2 sur 3 :
Pilotage : la révolution des boutons
La navigation dans les menus peut se faire classiquement avec les quatre boutons du nouveau Pad. Mais je préfère naviguer verticalement du pouce avec la roue codeuse arrière… Puis changer d’onglets de l’index avec la molette avant, c’est tellement plus efficace ! D’autant que l’excellent système de Menus à onglets est toujours fidèle au poste. Chaque page présente l’intégralité des entrées, il n’existe donc pas d’entrées invisibles. Sans hésitation, les menus des EOS restent (de loin) les meilleurs menus à ce jour…
Jeune fille dans la ville de Yen Minh. Données EXIF : 1/250 sec – f/4 – 160 ISO – 127 mm – EF 70-200 mm f/4 L IS USM.
L’ancien bouton de mise sous tension à trois positions à disparu. Il aura tenu 10 ans tout de même… Il fait place à un bouton On / Off, placé sur l’épaule gauche du boîtier comme l’EOS 7D (probable qu’on le retrouve sur de nombreux EOS à l’avenir). C’est plus rapide, lorsqu’il faut allumer l’EOS en urgence, à condition de s’habituer à ce nouvel emplacement. Mais l’idéal aurait été un bouton proche du déclencheur, comme sur le petit EOS 600D et sur les Nikon…
Pour mémoire, le troisième cran de l’ancien bouton, déverrouillait la roue codeuse servant au décalage d’exposition. C’était redoutablement rapide pour compenser l’exposition du pouce… Mais redoutablement dangereux pour les débutants qui risquaient des corrections d’exposition involontaires. Sur l’EOS 60D, on peut dorénavant personnaliser le comportement du bouton de verrouillage de la roue codeuse, un progrès… Mais un bouton de verrouillage physique comme sur l’EOS 7D aurait été plus lisible (et plus cher).
Autre miracle que l’on espérait plus : la molette des modes profite enfin d’un loquet de verrouillage (comme sur mon EOS 5 argentique de 1992). Avec d’autres EOS, j’ai parfois déploré des changements de position aléatoires causés par des frottements (c’est encore arrivé à l’EOS 5D Mk2 durant ce reportage). Par précaution, j’avais donc l’habitude de régler chaque mode pour une exposition en plein jour, notamment les modes C1 et C2, situés en bout de course. Il est désormais possible de faire modifier les EOS 5D Mk2 et EOS 7D avec cette nouvelle molette verrouillée, via un retour en SAV (pour respectivement 75 et 83 €).
A noter que sur l’EOS 60D, le Mode vidéo doit être sélectionné en tournant la molette des Modes (comme sur l’EOS 600D). On aurait préféré un bouton dédié sous le pouce, comme sur l’EOS 7D qui permet de passer plus rapidement de la photo à la vidéo, en choisissant le Mode de prise de vue séparément.
Décorée par le parti communiste qui semble omniprésent dans les régions les plus pauvres, Quan Ba, la ville de la porte du Paradis non loin de la frontière Chinoise. Ici vous ne serez pas dérangés par les touristes…Données EXIF : 1/40 sec – f/10 – 100 ISO – 56 mm (c’est à dire 90 mm) – EF 70-200 mm f/4 L IS USM.
Capot supérieur : quelques surprises
Canon a fait un grand ménage sur le capot supérieur, en supprimant les rares boutons à « double commande » qui subsistaient encore… Dieux sait que ce sujet aura suscité des protestations au cours des années ! Nous sommes donc passé de quatre, à cinq boutons. Ce cinquième ne servant qu’à allumer l’écran monochrome. Il est facile à trouver sous l’index, car décalé et plus petit que les autres. Du coup, certaines fonctionnalités ont étés éjectés du capot.
Victime collatérale, la correction d’expo du flash désormais accessible par un menu… Et la balance des blancs qui (par défaut), ne possède plus de bouton d’accès directe. Heureusement il est possible de l’affecter à la touche SET (on sait malheureusement que seuls les utilisateurs avancés se donnent la peine de paramétrer finement leur reflex). On peut s’étonner d’un tel sacrifice… Toutefois cette absence ne m’a absolument pas gêné sur le terrain, (je sais que je risque de surprendre encore, les photographes scrupuleux).
Mais comme je travaille exclusivement en RAW, je ne me préoccupe plus très souvent de la balance des blancs. En extérieur je la laisse sur « Lumière du jour » quelque soit la météo… Et le reste du temps, sur Auto. Car je préfère l’ajuster en lot dans Lightroom, de façon très précise. C’est ultra rapide car je procède par « copier coller » sur des groupes de dizaines ou centaines d’images…
Ajoutez enfin, que la Balance Auto est suffisamment fiable. Y compris en Tungstène où elle préserve une légère dominante orange afin de conserver son naturel à la scène. Un « défaut » persistant et assumé je suppose, car une neutralisation optimale de l’éclairage tungstène semble toujours inesthétique.
Virée en Baie d’Halong sur une jonque tradionnelle, très loin des habituels « bateaux usines de croisière ».Données EXIF : 1/200 sec – f/6,3 – 100 ISO – 155 mm (c’est à dire 248 mm) – EF 70-200 mm f/4 L IS USM.
Mais évidemment, mettons-nous à la place des utilisateurs de JPEG, frustrés de devoir retourner dans les menus pour la Balance des blancs… Alors que depuis dix ans, un bouton était là pour ça. Les ingénieurs de Canon ont-ils fait considéré que le format RAW était adopté par tous les photographes ? Pas sûr… Ils ont plutôt constaté que 90% des utilisateurs restaient systématiquement en Balance Auto (comme je l’ai constaté au cours de mes formations)… Espérons alors, que Canon ne retire pas le testeur de profondeur de champs (comme de nombreux autres constructeurs), sous prétexte que les photographes oublient de l’utiliser.
Qualité d’image : le (très) haut du panier
Bien servie par une mesure d’expo iFCL sur 63 zones (identique aux EOS 7D et 600D), les photos de l’EOS 60D sont splendides jusqu’à 800 ISO. Si Canon est leader en terme de résolution, cela n’empêche pas le capteur de 18 Mpix de rester excellent jusqu’à 1600 ISO. Et très utilisable jusqu’à 3200 ISO. Notamment en RAW, développé dans Lightroom (sans soucis jusqu’au A2 selon mes critères personnels).
Nous sommes en terrain connu, la qualité d’image de l’EOS 60D est équivalente à celle des EOS 7D, 600D et 550D (ce qui n’aidera pas à les départager). A noter qu’il ne s’agirait pas exactement des mêmes capteurs de 18 Mpix. Les photosites de l’EOS 60D étant plus larges, afin de mieux capter la lumière. Plus récent, parions qu’il délivre une qualité d’image encore meilleure (différence probablement imperceptible sur un tirage)…
Ajoutons à l’attention de ceux qui sont effrayés par le poids des fichiers RAW, que Canon est le seul à proposer deux tailles de RAW inférieures (une fonction absente sur le petit EOS 600D)… Vous disposez du mRAW, soit 10 Mpix. Et plus petit encore : du sRAW soit 4,5 Mpix. Très appréciable pour qui doit produire ponctuellement des images pour le web, afin d’éviter d’encombrer les disques durs (mais n’oubliez pas de revenir à la taille maximale après la prise de vue).
Afin de limiter les risques de diffraction, veillez à ne pas fermer trop souvent le diaphragme au delà de f/16, ou f/18… Mais tout dépend des performances de votre optique en fait. Ceci dit, je ne fais pas une maladie de la diffraction, car il est parfois nécessaire de privilégier la profondeur de champs… En se disant que la diffraction sera masquée par une bonne accentuation appliquée en lot lors du post traitement (Lightroom fait ça tellement bien avec un rayon fin). Possible donc que cet excellent capteur de 18 Mpix, voit sa carrière prolongée d’un an ou deux. Avant un nouveau saut en avant de la résolution.
On se demande toutefois à qui, une résolution supérieure pourrait bien servir ? Notamment sur un reflex amateur / expert ? Puisqu’il est déjà nécessaire d’utiliser des optiques relativement qualitatives, en vue d’exploiter totalement la résolution actuelle de 18 Mpix… On peut supposer qu’avec les optiques livrées en kit, le passage de 18 à 21 Mpix (ou plus), n’améliorera qu’assez marginalement la résolution des fins détails (qui semble déjà fantastique avec 18 Mpix).
Pour autant, des test on démontré qu’un capteur de résolution élevée utilisé avec un objectif de base, produit tout de même de résultats (légèrement) meilleurs, qu’un capteur de résolution moyenne avec le même objectif… Il ne faut donc pas craindre l’arrivée de très hautes résolutions, d’autant que d’éventuels progrès en post traitement pourraient nous réserver de nouvelles surprises.
On peut avec un petit bateau comme le notre, découvrir la vie cachée de habitants de la Baie.
On en rêve : ce qu’il reste à améliorer
Lors de mon premier voyage au Vietnam en 1996, j’étais équipé d’un Canon EOS 5, (très) lointain ancêtre de l’EOS 60D. Sa fiabilité d’exposition et son autofocus me semblaient magiques, tout comme sa résistance aux pires traitements. Évidement, face à l’EOS 60D, il ferait figure de dinosaure à tous points de vues, notamment en ce qui concerne l’autofocus !
Alors bien évidement, on rêverait sur l’EOS 60D d’un AF à 18 collimateurs, aussi performant que celui de l’EOS 7D. Mais une fois de plus, je tiens à relativiser un peu cette question. Le « vénérable » AF à 9 collimateurs, n’empêche pas l’EOS 60D d’être extrêmement efficace en toutes circonstances. Il faut savoir aussi s’émerveiller des progrès accomplis en 15 ans…
Comme sur les précédents EOS, mon premier reproche resterait plutôt une timidité relative dans la personnalisation des réglages fins… Exemple représentatif, le réglage de la vitesse intermédiaire de la cadence en rafale. Et lorsque l’on travail en RAW + JPEG, pourquoi est-il toujours impossible de supprimer séparément le JPEG, ou le RAW ? Ce que savent dorénavant faire, de simples compacts S95 et G12 ?
Je rêve depuis longtemps de pouvoir sauvegarder mes configurations de boîtier sur carte mémoire, afin de les importer rapidement d’un boîtier à l’autre (j’ai la chance d’essayer beaucoup de boîtiers). Enfin légère déception, le nouveau système d’attribution d’étoiles (notation sur cinq), n’est pas aussi facile d’utilisation que je l’aurais souhaité… Dommage, car commencer son éditing sur le terrain pour le poursuivre dans Lightroom plus tard, voilà une idée séduisante. D’autant que le superbe écran de l’EOS 60D s’y prête bien.
Essayer un nouveau reflex chaque année, c’est un peu comme revenir dans un bel hôtel plein de souvenirs et y découvrir de petites (ou de grosses) améliorations. Et cela fait d’autant plus plaisir, que vous aviez espéré ces améliorations depuis très longtemps. En ce sens, l’EOS 60D est un boîtier du renouveau.
Région de Nin Binh, noyée dans la grisaille durant une partie de l’hiver. Contrairement à ce que beaucoup imaginent, les plus beaux paysages ne sont pas toujours réalisés au grand angle. Une focale un peu plus longue permet d’isoler une partie du paysage…Données EXIF : 1/50 sec – f/11 – 100 ISO – 80 mm (c’est à dire 128 mm) – EF 70-200 mm f/4 L IS USM
Accessible à un large public, des reflex comme l’EOS 60D ou le Nikon D7000 représentent « l’état de l’art » de la photo numérique… En 2011, ils restent le choix de prédilection des photographes confirmés, même si nous lorgnons avec intérêt sur les modèles hybrides léger et performants, bien que dépourvus de viseurs… Données EXIF : 1/200 sec – f/5,6 – 320 ISO – 70 mm (c’est à dire 112 mm) – EF 70-200 mm f/4 L IS USM
Pour autant, la part de part de marché des hybrides n’aurait atteint qu’un petit 1% en France en 2010 (chiffres CIPA). Il s’écoulera probablement longtemps avant qu’ils ne disposent des gammes optiques compétitives et d’une visée confortable. Absence rédhibitoire pour les reporters et les voyageurs travaillant en extérieur, notamment pour réaliser ce genre d’images…
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